Alors qu’il subit les tirs croisés de l’opposition à l’Assemblée nationale populaire (APN), qui a été le théâtre d’un échange houleux autour des mesures d’austérité contenues dans le projet de loi de finances 2016, l’Exécutif fait le dos rond et tente de rassurer. En visite, jeudi dernier, dans la wilaya de Aïn Defla, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, tente, à nouveau, d’injecter une dose d’optimisme pour atténuer l’ampleur de la détresse nationale. «La conjoncture est difficile, mais nous détenons des solutions», lance-t-il devant les invités de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA). Devant annoncer des mesures en faveur du monde de l’agriculture, le premier responsable du gouvernement a préféré aborder d’abord l’avenir du pétrole et de la production nationale. Même s’il qualifie de «péché (kofr)» le fait de compter encore sur cette ressource, Abdelmalek Sellal essaie de rassurer sur les réserves pétrolières du pays. «Il ne faut pas croire les discours alarmistes qui prédisent la fin du pétrole en Algérie pour les toutes prochaines années. Le gisement de Hassi Messaoud n’est exploité qu’à 18%. Nous sommes capables d’augmenter notre production en hydrocarbures. Nous l’avons fait d’ailleurs cette année à hauteur de 4% et nous le ferons davantage l’année prochaine pour augmenter la production de 4,5%», a-t-il déclaré, dans une salle plutôt crispée, où régnait une atmosphère morose. Dans la foulée, Abdelmalek Sellal revient sur les critiques de la loi de finances 2016 pour donner ses appréciations. «Nous avons assisté, ces derniers jours, à des débats tendus autour du projet du gouvernement à l’APN. Je tiens à préciser, en ma qualité de Premier ministre, deux choses. Le gouvernement maîtrise la situation en dépit de la chute du cours du pétrole. Il est vrai que cette tendance se poursuivra en 2016 et peut-être même en 2017», affirme-t-il. Digressions et omissions Pour le gouvernement, l’une des alternatives est sans conteste l’agriculture. «La solution économique est actuellement entre les mains des producteurs agricoles. Le secteur a connu une évolution notable ces dernières années, mais il faut fournir des efforts supplémentaires», recommande-t-il. Il appelle les agriculteurs à moderniser leurs moyens de production pour sortir le pays de la dépendance à l’importation. «Cela fait quatre ans qu’on me dit que nous produisons 70% de nos besoins en produits agricoles. Je ne sais plus où nous sommes aujourd’hui, on ne me dit pas la vérité», lance-t-il, rappelant les décisions prises, depuis 2010, pour redynamiser ce secteur. Il rappelle notamment les dispositions de la loi 03-10 d’août 2010 relative à l’exploitation des terres agricoles relevant du domaine de l’Etat. Ce texte, dit-il, a permis la distribution de 176 000 contrats de concession pour l’exploitation des terres agricoles, précisant que cette opération, qui a connu un «grand succès», se poursuit toujours. Abdelmalek Sellal a terminé son discours sans annoncer les mesures attendues depuis une semaine par les paysans et les agriculteurs. Pourtant, ces dernières ont bien été énumérées dans un discours écrit et distribué, dans la matinée à la presse, avant d’être retiré. Parmi ces mesures figurent notamment la prise en change par la Sécurité sociale de 1,5 million d’agriculteurs et leurs familles, ainsi que la création «du crédit de campagne». M. Sellal a-t-il seulement omis de les annoncer ?
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