La première journée a été marquée par la présentation de quatre communications qui s’articulent autour de «La femme et la société», développées par des universitaires, intellectuels et philosophes algériens et étrangers. La ville balnéaire de Tichy, à17 km à l’est de Béjaïa, abrite depuis jeudi l’université d’automne des «Projets DémAR et monde» selon les femmes, organisé conjointement par le Comité international pour le développement des peuples, la Ligue algérienne des droits de l’homme, la fondation Friedrich Ebert, le centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme, et l’Etoile culturelle d’Akbou avec l’appui financier de l’Union européenne. Cette activité lance une réflexion sur la question de la femme en Algérie à travers des communications aussi riches que variées et des ateliers qui prendront fin aujourd’hui. La première journée a été marquée par la présentation de quatre communications qui s’articulent autour de «La femme et la société», développées par des universitaires, intellectuels et philosophes algériens et étrangers afin de conclure au degré de l’acceptation de l’égalité entre la femme et l’homme par la société algérienne, avec sa complexité confessionnelle et culturelle. Impunité La violence à l’égard des femmes qui est passée de l’espace privé au domaine public est devenue la responsabilité de l’Etat grâce à la lutte menée par les organisations et les mouvements de femmes, selon Meriem Balaala, la présidente de SOS Femmes en détresse. Pour elle, les activités de la base militante ont mis en lumière le fait que cette violence «est enracinée dans la relation structurelle d’inégalité qui existe entre les femmes et les hommes». Des instruments juridiques et politiques internationaux ont clarifié, pourtant, les obligations des Etats pour prévenir, éradiquer et punir la violence, «mais partout dans le monde, les Etats ne satisfont pas à ces exigences des instances internationales». La militante constate que «le dépôt de plainte par les femmes violentées est le début d’une autre forme de souffrance, puisque l’acte de déposer une plainte contre son agresseur, surtout si celui-ci est issu du milieu familial, est chose intolérable dans notre société». A ce titre, ajoute-t-elle, «quoi qu’il arrive, les services de securité se contentent d’enregistrer les appels au secours sans pour autant intervenir». Cherifa Bouatta, psychothérapeute et professeur à l’université de Béjaïa, dans sa communication «La rue : fief des mâles ?», a déroulé le phénomène du harcèlement que subissent les femmes dans la rue. Un sujet, d’après elle, qui n’a pas bénéficié de beaucoup d’intérêt chez les chercheurs, mis à part les journalistes et quelques revues spécialisées. L’auteure de Des corps et des mots. Sexuation, genre et violences conjugales s’est basée sur une démarche empirique avant de tirer des conclusions à travers les témoignages qu’elle a recueillis chez ses étudiantes et l’analyse d’autres événements relatifs à cette forme de violence en Egypte. Les témoignages, analyse-t-elle, prouve que «le comportement des hommes est une représentation sociale qui se nourrit du système patriarcal, de la domination masculine et du discours religieux extrémiste qui considère la femme comme un objet». Des filles qui ont essayé le hidjab pour se mettre à l’abri des attouchements sexuels n’ont pas réussi à se protéger, dit-elle, car l’homme regarde la femme et développe des justificatifs à ses actes aux conséquences psychologiques fâcheuses. Parmi ces retombées négatives, le comportement d’évitement chez la femme, le stress, l’hyper-vigilance, la dépression et le trouble psychologique, etc. Définissant le harcèlement, l’oratrice reprend l’interprétation du Centre égyptien des droits des femmes (ECWR) qui définit le harcèlement de rue : «Une conduite sexuelle non consentie qui résulte de l’abus physique, sexuel ou psychologique, que ce soit dans l’espace public ou dans le milieu privé». A l’origine de ces maux, dit-elle, le discours extrémiste islamiste qui désigne la femme comme un objet de désordre (fitna) dans la société. Résister contre «les dogmatiques» Lors de son intervention, le penseur et philosophe tunisien Youssef Seddik a déconstruit certains dogmes religieux qui maintiennent l’inégalité entre la femme et l’homme. «Il faudrait appréhender le problème de la violence faite aux femmes à la racine ; au niveau du vocabulaire, de l’époque où le texte coranique est révélé», dit-il. Et d’ajouter qu’«il ne faut pas craindre ce que disent les dogmatiques selon lesquels ce texte est valable en toute époque et en tout lieu. Il faudra résister à cette idée». Comment lutter contre cette appréciation ? «Pour la femme, on a institué une compréhension, un lexique défini par des doctes. Exemple, l’inégalité dans le témoignage où un mâle est remplacé par deux femmes, et l’autre exemple la question de l’héritage dans l’islam. Pour Youssef Seddik, «il n’y a pas eu d’étude des faits sociaux des textes révélés dans le Coran». L’orateur a démontré, versets coraniques à l’appui, que dans le Livre sacré il existe une égalité entre la femme et l’homme. Dans le même contexte, le Coran a démontré dans certains passages la supériorité du féminin sur le masculin, «mais celle-ci est une lecture qu’on ne nous a jamais présentée ainsi». Il y a lieu de faire une «nouvelle lecture du Coran», précise l’anthropologue et connaisseur du Coran.
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