Le gouvernement tente de gagner du temps en retardant l’examen du projet de loi sur les retraites. Avec le temps, il compte sur l’essoufflement du mouvement de grève déclenché par les syndicats autonomes. En attendant, c’est la loi de finances 2017 qui est en débat à la commission finances du Parlement. La commission santé entendra la semaine prochaine les syndicats autonomes sur la retraite. Visiblement, des consignes auraient été données par les autorités pour retarder le plus possible l’examen du projet de loi sur le régime des retraites, objet d’une grande contestation. C’est ce que rapportent de nombreux députés avec lesquels nous nous sommes entretenus, précisant que cette «directive» a été exprimée notamment par les partis de la majorité parlementaire. Actuellement au niveau de la commission santé, ce projet de loi suscite la colère des syndicats autonomes, notamment ceux des secteurs de l’éducation et de la santé, qui en sont à leur deuxième mouvement de grève. Ce texte a fait l’objet d’une série de débats avec les parties concernées favorables — comme les directeurs généraux des caisses de retraite et d’assurances sociales ou l’Ugta — alors que les contestataires, pourtant invités, n’ont pu accéder à l’APN pour des raisons encore inconnues. Une autre invitation leur avait été adressée pour hier, mais le rendez-vous a été reporté à la semaine prochaine, encore une fois pour des raisons inconnues. Certains députés estiment que ce renvoi est lié au mouvement de grève. «Au niveau de la commission, le président prenait tout son temps. Nous avions l’impression qu’il voulait tempérer au maximum l’examen de ce projet de loi. Hier, il nous a appris que l’invitation des syndicats autonomes se fera dès le début de la semaine prochaine, alors qu’il était question de les recevoir ce jour (lundi)», déclare un député. Pour lui, «il y a une volonté manifeste de compter sur un éventuel essoufflement de la contestation, voire sur la défection de certains syndicats, surtout après le retrait des paramédicaux». La priorité, révèle un autre député, est aujourd’hui l’examen de la loi de finances 2017. «Tous les regards sont braqués sur cette loi qui risque d’ouvrir un autre front de la contestation. Déjà hier, lors de son examen au niveau de la commission finances, sept députés, réputés contre Saadani, ont failli être exclus des travaux par leurs pairs si ce n’était l’intervention du président. Le ministre a présenté ce projet de loi d’une manière tellement administrative qu’il nous a donné l’impression qu’il n’était pas au courant de la portée de son contenu. Il a relativisé la hausse de la TVA et du prix du carburant et promis le renforcement du recouvrement des impôts.Ses réponses aux sévères critiques étaient peu convaincantes», note notre interlocuteur. Sur le projet de loi relatif à la retraite, ce dernier confirme l’information selon laquelle le gouvernement veut retarder son examen : «En fait, l’objectif consiste à compter sur l’essoufflement du mouvement de contestation, et surtout son isolement par rapport aux éventuelles actions de protestation que pourraient susciter les dispositions d’austérité prévues par la LF-2016. Or, le facteur temps ne semble pas avoir été pris en compte, puisque le ministre du Travail a déclaré que l’entrée en vigueur de cette loi est prévue pour le 1er janvier 2017.» En tout état de cause, un autre mouvement de colère, qui viendrait se greffer à celui des syndicats autonomes et drainerait les travailleurs des secteurs névralgiques, n’est pas à écarter aujourd’hui. Les décisions drastiques que compte prendre le gouvernement en raison de l’érosion des recettes de l’Etat risquent de faire le lit de la révolte populaire.
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