L’Algérie est engagée dans une véritable course contre la montre pour éviter une confrontation directe entre le gouvernement libyen d’entente nationale et l’Armée nationale libyenne (ANL) dont le chef, le maréchal Khalifa Haftar, a menacé dernièrement de lancer ses troupes sur Tripoli pour prendre le pouvoir par la force. Soutenu financièrement et militairement par l’Egypte et certaines capitales occidentales, le commandant en chef de l’ANL refuse à ce jour d’appliquer l’accord interlibyen du 17 décembre 2015 au prétexte qu’il fait la part belle aux islamistes proches de la confrérie des Frères musulmans. Le maréchal Khalifa Haftar bénéficie également de la couverture politique d’une partie des membres du Parlement de Tobrouk, qui rejette également l’accord interlibyen. Craignant une plus grande déstabilisation de la région, les autorités algériennes viennent de recevoir, tour à tour, des responsables de Tripoli et de Tobrouk à Alger, afin de les persuader d’éviter une telle option et de reprendre, sans plus tarder, le chemin des négociations afin de trouver une issue politique à la crise. Les responsables algériens ont même impliqué dans leurs différents tours de table le maréchal Khalifa Haftar avec lequel ils n’avaient jusque-là jamais eu de contacts officiels. Et c’est le même message, le même appel à la raison que le Premier ministre Abdelmalek Sellal a adressé hier autant à son homologue libyen, Fayez El Sarraj, qu’au maréchal Khalifa Haftar qui avait effectué la semaine dernière sa première visite en Algérie. Dans leurs contacts avec les différentes parties libyennes, les Algériens ont tenu à montrer qu’ils traitent tout le monde sur le même pied d’égalité et qu’ils restent attachés au respect des grandes lignes de l’accord interlibyen du 17 décembre 2015. Tous les observateurs qui avaient misé sur un «lâchage» par les autorités algériennes de Fayez El Sarraj après la récente visite à Alger du commandant en chef de l’ANL devront donc réviser leur copie. En revanche, Alger a envoyé suffisamment de signaux clairs pour faire comprendre aux uns et aux autres qu’elle ne laissera pas s’allumer un nouveau foyer de tension en Libye. Surtout que la plupart des pays de la région sont extrêmement fragiles au plan sécuritaire, à commencer par la Tunisie. Dans le dossier libyen, l’Algérie est actuellement en phase avec les Etats-Unis qui ne pensent pas qu’il existe une solution à la crise libyenne en dehors de l’accord inter-libyen signé à Skhirat le 17 décembre 2015. Le département d’Etat américain — dont l’appui à Martin Kobler, le chef de la Mission des Nations unies en Libye, ne souffre d’aucune ambiguïté — ne croit pas, par ailleurs, le maréchal Khalifa Hafitar capable de reconquérir militairement le pouvoir. Il n’est également pas question pour les Américains de soutenir l’ancien officier supérieur de Mouammar El Gueddafi, a confié une source à Washington. Bien que le commandant en chef de l’Armée nationale libyenne ait acquis la citoyenneté américaine depuis plusieurs années, c’est avec une certaine méfiance qu’il est actuellement perçu dans la capitale fédérale. L’Algérie est soutenue aussi par l’Union africaine dans ses efforts destinés à convaincre les Libyens de privilégier la solution politique et pacifique pour régler leurs différents. L’organisation panafricaine vient d’ailleurs de mettre en place un haut comité des chefs d’Etat pour la Libye. Le commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA a indiqué, la semaine dernière à Oran, que ce comité devrait bientôt se rendre à Tripoli et à Tobrouk «pour amener les frères libyens à une réunion de réconciliation».
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