L’envolée des prix des fruits et légumes, constatée depuis quelque temps sur les marchés, reflète-t-elle, comme cela et supposé à première vue, une situation de baisse dans l’offre des produits agricoles ? En fait, les bilans montrent que le secteur agricole est pratiquement le seul secteur productif, hors hydrocarbures, à avoir enregistré, durant les cinq dernières années, une croissance à deux chiffres atteignant, en 2016, un taux de 10%, avec une contribution de 13% au produit intérieur brut (PIB) et un chiffre d’affaires réalisé par l’industrie agroalimentaire de 40% du total du chiffre d’affaires des industries hors hydrocarbures. Selon les chiffres fournis par le ministère de l’Agriculture, la valeur de la production agricole atteint annuellement une moyenne de 3000 milliards de dinars, mais avec des variations importantes, selon les années, en fonction des conditions climatiques. La direction de la régulation et de la production au ministère de l’Agriculture affirme que le pays possède, aujourd’hui, les moyens d’approvisionner, «à plus de 70%», le marché national en produits maraîchers et fruitiers produits localement. Quantitativement, la production agricole a enregistré une évolution significative ces trois dernières années. Les quatre filières principales, à savoir les céréales, les légumes secs, les maraîchages et les fourrages, ont réalisé une production totale de plus de 215 millions de quintaux en 2016, contre un peu plus de 205 millions de quintaux en 2015 et près de 200 millions de quintaux en 2014. La production des légumes frais a grandement contribué à l’évolution des quantités enregistrées, puisque les produits maraîchers sont passés de 122,9 millions de quintaux récoltés en 2014, à 124,6 millions en 2015, puis 131,13 millions de quintaux l’année dernière. Concernant la production animale, le secteur a également connu une croissance en volumes réalisés. Pour les viandes rouges, il a été enregistré 5,38 millions de quintaux en 2016, contre 5,25 millions de quintaux en 2015 et 4,86 millions de quintaux en 2014. La production des viandes blanches a été de 5,15 millions de quintaux en 2016, contre 4,96 millions de quintaux en 2015 et 4,63 millions de quintaux en 2014. La production de lait est estimée actuellement à 3,3 milliards de litres, dont 2,5 milliards de litres de lait de vache, tandis que la collecte se situe à plus 900 millions contre 300 millions en 2009. La consommation est estimée à 4,5 milliards de litres par an, avec une moyenne de consommation de 115 litres de lait par an/par habitant. Les importations de produits agricoles se sont, quant à elles, chiffrées à 8 milliards de dollars, et prés de 25% de la valeur des importations en 2015, ont été des biens alimentaires. Les céréales et la poudre de lait ont pesé à elles seules 4,537 milliards de dollars dans la balance des importations algériennes. Selon les chiffres des Douanes algériennes, la facture des importations du lait en poudre, crèmes de lait et matières grasses laitières, utilisées comme intrants dans la filière laitière, a reculé à 1,04 milliard de dollars en 2015, contre 1,91 milliard en 2014. Pour les céréales, l’OAIC a importé pour 1,704 milliard de dollars en 2016 contre 2,310 milliards en 2015, soit une baisse de 26,23%. La facture de blé dur s’est établie à 443 millions de dollars en 2016, contre 662 millions un an avant. Les achats de blé tendre sont, quant à eux, passés à 1,123 milliard de dollars en 2016, contre 1,49 milliard en 2015, alors que la facture de l’orge s’est établie à 138 millions de dollars contre 149 millions en 2015. Cette baisse s’explique principalement par le recul des prix des céréales sur les marchés mondiaux, mais aussi par le fait que l’office est arrivé à constituer un stock stratégique important qui lui a permis d’opérer des achats sur le marché international uniquement lorsque les cours sont avantageux. Quant aux légumes secs, les quantités importées ont connu une augmentation, mais de moindre importance, soit près 4,35% à 386,23 millions de dollars en 2015, contre 370,12 millions en 2014. Selon Omar Zeghouane, directeur général de l’Institut technique des grandes cultures (ITGC), l’Algérie importe plus de 80 millions de dollars annuellement de légumes secs pour une quantité de 2 millions de quintaux, dont 1,4 million de quintaux en lentilles et pois chiches. Le directeur de l’ITGC estime que pour répondre aux besoins prévisionnels en ces produits, l’Algérie doit produire presque 2 millions de quintaux de pois chiches et de lentilles. Le secteur agricole devra alors porter les superficies consacrées aux légumineuses à 218 000 hectares, contre 85 000 ha actuellement. «La superficie actuelle affectée aux légumineuses permet de produire environ 1 million qx toutes espèces confondues (fèves, pois, haricots, pois chiches et lentilles), soit 35% des besoins du pays», souligne M. Zeghouane.
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