Les employés lésés dénoncent un abus de pouvoir, harcèlement, changement de la nature des contrats de CDI en CDD, incitation à la démission, charge de travail inhumaine. Que se passe-t-il au Sofitel Alger ? Rien dans l’apparent, mais plutôt dans les coulisses. D’après des échos qui nous sont parvenus, une dizaine d’employés ont été licenciés de manière abusive, travaillant pourtant en contrat à durée indéterminée. Selon les documents dont nous détenons une copie, les employés lésés dénoncent un abus de pouvoir, harcèlement, changement de la nature des contrats de CDI en CDD, incitation à la démission, charge de travail inhumaine. «Pour certains, nous ne sommes qu’une poignée de cas, mais la réalité est que nous sommes l’arbre qui cache la forêt. Il existe beaucoup d’autres cas qui subissent des harcèlements au point où certains se trouvent en situation de congé de maladie de longue durée. Dans mon cas, mon licenciement est dû initialement à mon refus d’une attitude raciale et d’insulte de la part d’un des responsables de l’hôtel. Je n’ai pas été licencié tout de suite, mais mis dans un tourbillon de manigances pour me mettre à la porte. J’ai fait l’objet d’une mise à pied de 3 jours, puis accusé de vol et suspendu pendant 22 mois suite à la plainte déposée par l’entreprise. Le procureur ne trouvant pas de preuve à cette accusation a classé mon affaire et ordonné ma réintégration. Une réintégration qui a été faite dans un poste qui ne répond pas à mon profil professionnel dans le déni total de la législation en vigueur. Même en ayant accepté ce nouveau poste dégradant, j’ai été licencié 5 mois après ma réintégration», explique Raouf, réceptionniste licencié en décembre dernier. Il en est de même pour Mohamed, bagagiste au Sofitel depuis 15 ans et qui a été licencié de la pire des manières. Les facteurs de pénibilité liés à cette fonction lui ont causé une hernie abdominale, une maladie comprise dans la liste des maladies professionnelles. «La médecine du travail a instruit l’administration de me muter à un poste de travail aménagé. Chose qui n’a pas été faite. Même la décision de justice en ma faveur n’a pas été prise en considération et j’ai été affecté à un poste non aménagé. Face à mon refus de rejoindre ce poste à cause de ma maladie, j’ai été licencié», raconte-t-il. La situation est presque identique pour les deux chefs cuisiniers licenciés pour refus sans motif valable de travail alors que tous deux avaient justifié leur absence par la remise de certificats d’arrêt de travail de 5 jours. Le plus aberrant de tous est le cas de Yacine, chauffeur de son état, qui a été licencié pour acte d’insubordination caractérisé à sa supérieure. Selon ses propos, la véritable raison est qu’il a refusé de travailler en dehors du cadre professionnel et lui faire ses courses personnelles ou encore transporter sa famille, et ce, même de nuit. D’autres cas sont cités et dont les motifs de licenciement sont tout aussi bizarres les uns que les autres, tels que le cas de Sadjida dont l’administration a refusé sa confirmation au poste de gouvernante d’étage. Le motif avancé était le port de hidjab, une tenue vestimentaire arborée portée depuis sa prise de fonction pour une période d’essai concluante. Le pire est qu’elle a été mutée pour occuper un poste d’agent de sécurité. Après avoir refusé sa mutation, elle a été licenciée pour abandon de poste. «J’ai saisi la justice qui m’a donné raison mais qui, malheureusement, ne me protège pas des différents harcèlements dont je fais l’objet tous les jours», s’indigne-t-elle. Après plusieurs tentatives pour contacter les responsables de l’hôtel, et face au refus de faire de déclarations à ce sujet, la direction des ressources humaines a enfin daigné nous donner des explications concernant la situation de ces employés. «Il n’y a pas de licenciements en série à Sofitel Alger, déclare Amel Saheb, directrice des ressources humaines. Ce sont des cas pour lesquels nous avons appliqué la loi en vigueur en présence de leur syndicat et après leur avoir accordé plusieurs chances».
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