Le candidat d’En marche !, Emmanuel Macron, ne fléchit pas sur la qualification de «massacre contre l’humanité», formulée lors de son voyage à Alger à la mi-février dernier. A quelques semaines de l’élection présidentielle française, le débat sur le passé colonial de la France ne s’arrête pas. Ni les affaires d’argent dans lesquelles sont englués certains candidats, ni les sondages n’ont changé la donne. Et le candidat d’En marche !, Emmanuel Macron, qui a déjà déclenché une polémique après une visite Algérie, en remet une couche : il ne change rien à son discours et s’en explique. Dans une interview accordée à la revue Histoire, dont le site TSA a diffusé de larges extraits, le candidat, actuel favori des sondages pour remporter le scrutin présidentiel en France, ne recule pas sur la qualification de «massacre contre l’humanité» prononcée à Alger. Il estime que «le crime contre l’humanité ne se définit pas nécessairement par l’intention génocidaire. La définition du traité de Rome intégrée en 2010 dans notre code pénal en élargit notablement les critères : massacres de masse, déplacements de population, etc.» Il ajoutera que «lorsque je parle de ‘‘crime contre l’humanité’’ à propos de la colonisation, poursuit Emmanuel Macron, je ne traite pas de criminels ceux qui ont vécu dans ce cadre et, plus tard, en ont souffert dans leur chair, notamment les harkis et les pieds-noirs. Je ne parle pas non plus des soldats appelés en Algérie. On connaît les exactions commises par certains, mais cela n’est pas mon point de vue. Je parle très précisément des conditions mêmes de la colonisation : on sait que les premiers colonisateurs n’ont hésité sur aucun moyen pour conquérir les territoires convoités.» L’homme politique, qui ne se définit ni de gauche ni de droite, rappellera qu’«il a fallu soixante-dix ans de guerres et de massacres pour imposer la présence française. Je ne suis pas le premier à pointer ces débordements. Clemenceau le fit dès 1885.» Cela dit, Emmanuel Macron met un bémol dans ses propos. Il estime que «dans les colonies ont vécu des gens qui faisaient le bien, qui donnaient autour d’eux ce que la civilisation a de meilleur : des professeurs, des ingénieurs, des fonctionnaires, des entrepreneurs.» Il s’en prend, par contre, à «la racine du phénomène colonial (qui) est mauvaise». Cette racine «se nourrit du massacre et du malheur. Ces souffrances ont longtemps été tues, mais elles sont encore vivantes dans la mémoire des peuples colonisés. Y compris chez ceux qui ont reçu cette souffrance en héritage bien que nés en France.»
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