Ensemble construisons l’Algérie
mais loin de la fraude.» Le slogan de Noureddine Bedoui est ainsi «corrigé» par les cadres de huit partis politiques venus manifester, hier, devant le cabinet du wali de la wilaya de Constantine. Des dizaines de militants MSP, PT, FFS, MPA, ANR, El Islah, FNL et ceux de l’alliance Nahda-Adala-Bina ont tenu hier un sit-in pour dénoncer la fraude massive ayant caractérisé les élections locales du 23 novembre, selon eux. Ils ont brandi des banderoles et scandé des slogans incriminant l’administration locale et désignant le wali comme chef d’orchestre de cette opération. On pouvait lire notamment : «Pas de développement local avec une administration de baltaguis», «O voleur, O voleur de voix des électeurs», ou encore «Etes-vous un responsable de wilaya ou le responsable d’un parti ?», désignant clairement le chef de l’exécutif local, Abdessamie Saïdoun, comme responsable de la fraude au profit du FLN. Des cadres se sont exprimés également devant les journalistes et la foule des passagers du tram (le cabinet du wali est mitoyen du terminus du tramway) pour expliquer les procédés qualifiés de «vulgaires» et de «stupides» employés pour frauder, comparant cette élection à celle de 1997, citée comme une référence dans le genre. Par cette action, les protestataires prolongent une série d’initiatives pour dénoncer la fraude et tenter de récupérer leurs droits. Samedi dernier, ils ont tenu une conférence de presse pour énumérer une longue liste de dépassements constatés jeudi dernier lors du scrutin. Bourrage au profit du FLN, refus de l’administration de transmettre les PV aux représentants des partis, remplacement des PV remis aux partis par d’autres PV préétablis, interdiction faite aux représentants des partis d’assister au dépouillement dans certains centres, remise de PV vides et autres en deux versions différentes, ouverture des urnes avant la fin de l’opération, vote à la place d’électeurs qui se sont retrouvés avec des signatures devant leurs noms, ou encore des résultats annoncés officiellement par le site web de la wilaya en contradiction avec ceux annoncés par la commission électorale de wilaya ! Un chapelet de griefs dont beaucoup ont été vérifiés par les médias d’ailleurs, grâce aux preuves matérielles présentées lors de la conférence de presse. Par ailleurs, il a été donné à tout un chacun de constater le flottement flagrant dans l’annonce des résultats et les nombreux changements, notamment dans le taux de participation annoncé à hauteur de 49% et revu deux fois à la baisse ! Ces incidents graves ont été soulevés devant la Hiise, et surtout devant le magistrat chargé de la commission électorale de wilaya. En vain, nous dit un cadre du MSP qui nous apprend qu’une plainte a été déposée hier au niveau du tribunal administratif. Dans un deuxième communiqué rédigé mardi à la suite d’une réunion tenue au siège local du FFS, les protestataires ont relevé «l’indifférence» des autorités concernées aux doléances soulevées, «malgré la gravité des violations et les dépassements flagrants, et le gonflage évident du taux de participation au profit du FLN et du RND ». Suite à quoi ils exigent «l’annulation de ces élections, l’envoi d’une commission parlementaire pour enquêter sur l’ampleur de la fraude à Constantine, la sanction de tout responsable ayant pris part à cette mascarade». Les rédacteurs du communiqué imputent l’entière responsabilité à la Commission nationale de surveillance des élections pour son «impuissance totale» devant la machine de la fraude, laquelle, selon eux, s’est lancée dans son œuvre bien avant la campagne électorale. Un important dispositif de policiers a été déployé pour empêcher les manifestants de s’approcher du cabinet. Et le rassemblement fut dispersé au bout de 20 minutes dans le calme.
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