Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité. Elles sont responsables du décès d’un Algérien sur 4, soit 40 000 morts par an. Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) et l’infarctus du myocarde figurent parmi les événements graves et mortels, selon les spécialistes. L’enquête Tahina, réalisée par l’INSP en 2005, a déjà prouvé, avec un taux de 26,1%, une tendance qui a connu une progression durant la dernière décennie. Des résultats préliminaires du premier registre du syndrome coronarien aigu ST+ mené par l’Institut national de santé publique (INSP) vient de confirmer encore cette donnée, qui ne semble pas une priorité pour les pouvoirs publics. L’étude a été réalisée sur une population cible de patients âgés de 20 ans et plus, sur plus de 800 fiches, ayant présenté un syndrome coronarien aigu st+ résidant au niveau de la wilaya et pris en charge dans les structures de la capitale. 137 patients présentent des antécédents cardiovasculaires et 9 patients sur 10 présentent un ou plusieurs facteurs de risque, alors que 23% d’entre eux sont diabétiques et hypertendus et 30% présentent une obésité abdominale. Il a donc été constaté que les victimes d’un infarctus du myocarde aigu dans la wilaya d’Alger passent 480,77 mn, soit 8 heures, entre la première douleur ressentie et le premier contact médical. Une fois arrivé à l’hôpital, il a encore 30 mn d’attente pour faire un électrocardiogramme (ECG). Les premiers gestes ne sont effectués que dans 35% pour la thrombolyse et 60% des cas pour l’angioplastie. L’étude a montré également que 83% des patients sortent vivants de l’hôpital. Des chiffres qui donnent froid dans le dos, relèvent les spécialistes lors de la journée de sensibilisation pour la lutte contre les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, placée sous le thème «La prévention primaire avant tout», au profit des médecins des unités de soins de base de la wilaya d’Alger. C’est le challenge pour l’équipe de médecine interne de l’hôpital Birtraria à Alger. Il est urgent de mettre en œuvre les stratégies capables de pendre en charge les facteurs de risque (diabète, HTA, dyslipidémie, tabagisme, etc.) afin d’endiguer les maladies cardiovasculaires, a souligné le Pr Samia Zekri. Ce plan, dont les grands axes sont contenus dans la stratégie nationale de lutte intégrée contre les facteurs de risque de maladies non transmissibles, consiste, selon le Pr Rachida Guermaz, à mettre en place un programme intégré multidisciplinaire pour faire la promotion de l’alimentation saine (réduction de sel, de sucre et de matières grasses), lutter contre le tabac, prévenir l’obésité au sein de la population, faire la promotion de l’activité physique et mettre en place un programme de sensibilisation et de formation des professionnels de la santé, en introduisant le concept de l’éducation thérapeutique. «Il est urgent de mettre en place un réseau pluridisciplinaire pour une approche globale intégrée contre les maladies cardiovasculaires», a recommandé le Pr Guermaz. La prise en charge des maladies cardiovasculaires passe par la lutte contre les facteurs de risque, tel que l’HTA dont les dernières recommandations américaines limitent le seuil à 13.8, selon le Pr Hatri. Ainsi, six millions de personnes, soit 14,2% de la population algérienne, sont atteintes de maladies chroniques évitables, dont les facteurs de risque sont modifiables par la prévention, signale le Pr Brouri, président du collège de la Société algérienne de médecine vasculaire. La situation est grave et risque d’empirer vu la multiplication des facteurs de risque. Et si rien n’est fait, l’impact sanitaire et économique sera très lourd à porter. «Au vu de l’évolution de la situation épidémiologique, beaucoup de patients algériens risquent de ne pas être pris en charge à l’avenir», avertit le Pr Brouri. Il appelle à la réactivation des comités nationaux des pathologies, à leur donner une autonomie et à la mise en œuvre de la stratégie nationale intégrée de lutte contre les facteurs de risque 2015-2019.
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