Une forte perturbation dans l’approvisionnement des hôpitaux pénalise de nombreux patients, notamment les cancéreux. L’instruction de la Banque d’Algérie fixant les nouvelles conditions de domiciliation des opérations d’importation des biens destinés à la revente en l’état, entrée en vigueur le 21 octobre dernier, affecte vraisemblablement la disponibilité des médicaments. Une forte perturbation dans l’approvisionnement des hôpitaux qui pénalise de nombreux patients, notamment les cancéreux. Ce qui complique encore davantage les ruptures de stocks de médicaments dans les hôpitaux. Plus de 2000 boîtes de produits anticancéreux sont actuellement bloquées au niveau de l’aéroport Houari Boumediène à Alger. Cette commande, engagée depuis septembre dernier au profit de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), a été réceptionnée à l’aéroport d’Alger le 25 octobre dernier, soit deux jours après l’entrée en vigueur de ces nouvelles dispositions de la Banque d’Algérie, rendant obligatoire la domiciliation de toutes les importations relevant de la revente en l’état, et de constituer une provision financière préalable, couvrant 120% du montant de l’importation, au moment de la domiciliation, devant intervenir au moins 30 jours avant l’expédition des marchandises. Une commande qui se retrouve donc sous le coup de «la loi». «Aucune notification au préalable n’a été fournie à l’importateur concernant la marchandise commandée déjà et expédiée. Ces médicaments ont été commandés bien avant l’instruction de la Banque d’Algérie, on ne pouvait pas savoir que ces nouvelles dispositions allaient être appliquées dans l’immédiat sur une marchandise déjà engagée. Toutes les démarches entreprises auprès de nos banques pour débloquer la marchandise sont restées vaines. Le ministère des Finances a été saisi, mais en vain, nous n’avons aucune réponse malgré la présentation du rappel d’urgence de la commande par la PHC. Nous n’avons reçu aucune réponse à ce jour, et des patients sont en attente de leur traitement. Ce qui risque de compliquer encore leur état de santé si le traitement est encore retardé», nous confie-t-on, en déplorant le silence des autorités, notamment le ministère des Finances, sur cette situation catastrophique. «D’autres commandes, qui étaient prévues pour ce début de mois de novembre, sont également bloquées à cause de cette nouvelle disposition mise en application sans en informer les concernés au préalable, notamment les importateurs. La commande sera également retardée d’un mois, sans compter les délais pour le dédouanement, le passage au laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, pour arriver enfin aux patients», signale notre source, qui rappelle que les produits pharmaceutiques ne doivent pas être confondus avec d’autres produits d’importation de moindre importance. «Il s’agit d’une question de vie ou de mort», a-t-elle ajouté. Le directeur général de la PHC, Mohamed Ayad, confirme avoir relancé, comme le prévoit la réglementation, les fournisseurs ayant l’exclusivité de l’importation de leurs produits tout en étant producteur local, de respecter leurs engagements en leur exigeant la nécessité d’une livraison dans les plus brefs délais des produits, à savoir les deux médicaments bloqués au niveau de la douane. Il s’agit de deux produits d’oncologie Lapatinib (4200 boîtes) et Pazopanib (2000 boîtes), selon le bon de commande établi en septembre. La première livraison de 2000 boîtes pour les deux médicaments est donc bloquée au niveau de la douane. «Nous avons effectivement relancé notre fournisseur pour une livraison le plus rapidement possible de ces produits, mais il évoque des blocages suite à la promulgation des nouvelles dispositions de la Banque d’Algérie. Nous agissons selon la réglementation en vigueur», souligne M. Ayad tout en souhaitant un déblocage de la situation. L’instruction de la Banque d’Algérie risque de compliquer sérieusement le problème de disponibilité des médicaments et d’aucuns s’interrogent d’ailleurs si la Pharmacie centrale des hôpitaux est soumise à ces nouvelles dispositions ? Si c’est le cas, de nombreux médicaments hospitaliers risquent de disparaître «sauf si la PCH bénéficie d’une dérogation pour les importer sans la domiciliation et la constitution d’une provision financière préalable, couvrant 120% du montant de l’importation», relève un opérateur en pharmacie, qui s’inquiète de la tournure que cela peut prendre à l’avenir, sachant que plus de 70% des médicaments de première nécessité sont importés. «Les produits pharmaceutiques doivent bénéficier d’un traitement particulier. Il s’agit de sauver des vies humaines. Ce ne sont pas des produits de confort», a-t-il noté. Le ministère de la Santé est ainsi interpellé pour plaider l’exonération du secteur du médicament de ces mesures.
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