vendredi 11 septembre 2015

La question de la semaine : Faut-il relancer le crédit à la consommation ?

Le gouvernement a annoncé le lancement du crédit à la consommation en février dernier, alors qu’il avait été suspendu en 2009. Son lancement devait se faire en juin dernier, mais en raison des retards constatés sur la conception de la Centrale des risques, il a été reporté. Mardi dernier, Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, a annoncé que la Centrale des risques sera prête à la mi-septembre. Le président de l’Association de protection des consommateurs, Mustapha Zebdi, estime que «c’est ce que les familles algériennes attendent, surtout dans cette situation où le pouvoir d’achat est très faible. La seule réserve que nous avons émise depuis le début, c’est le taux d’intérêt. Pourquoi les professionnels obtiennent-ils des crédits sans intérêt, un effacement des dettes pour certains artisans, alors que le consommateur est le maillon faible ? Cela permettra aux familles d’acquérir des équipements qui leur assureront un minimum de confort.» Pour sa part, l’économiste Mustapha Mekideche pense que «le coup est parti, il serait difficile de ne pas le lancer, sauf qu’il faut éviter les formes de dérives comme des situations contreproductives en lançant un produit faiblement introduit en Algérie. Une évaluation doit permettre de connaître sa pertinence dans la contribution de substitutions aux importations, et si ces produits éligibles au crédit à la consommation ont gagné en termes d’intégration et de services locaux, c’est-à-dire une mesure d’évaluation et d’efficacité du dispositif au bout d’un an ou deux.» Il explique par ailleurs que l’offre nationale en produits constitue finalement «la difficulté de ce dispositif. Si cette mesure soutient l’option de la substitution aux importations, c’est une bonne chose. D’où la nécessité d’une évaluation régulière de ses effets par branche, par filière, voire par produit. J’ajouterai que nous sommes dans une situation particulière, différente du moment où la décision a été prise en tripartite. A l’époque, les excédents bancaires, les réserves de change et le Fonds de régulation des recettes étaient alimentés de façon significative, alors qu’à présent, nous traversons une période de diminution des liquidités bancaires, effet de la crise financière résultant de la baisse des prix du pétrole.» Et de conclure par les difficultés qui vont peser sur les banques : «La pression reste sur les banques pour participer au financement des investissements du fait de la baisse de la dépense publique. Cela rendra probablement plus difficile la mise en œuvre du crédit à la consommation par les banques, d’où les retards constatés.»

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