mardi 10 novembre 2015

Lettre du «groupe des 19» à Bouteflika : La polémique enfle

Abdelmalek Sellal a profité d’une rencontre avec les investisseurs locaux à Blida pour esquisser une réponse qui ne diffère pas de celles déjà faites pas Amar Saadani et Ahmed Ouyahia. La démarche des 19 personnalités nationales ayant demandé à rencontrer le président Bouteflika semble avoir fortement dérangé au sommet du pouvoir. Alors que le destinataire de la demande ne s’est toujours pas manifesté, ce sont ses représentants autoproclamés qui réagissent à sa place. Ils s’indignent et dénoncent. Après les secrétaires généraux du FLN et du RND, Amar Saadani et Ahmed Ouyahia, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s’est senti, lui aussi, visé par cette démarche et répond. En visite de travail, hier, dans la wilaya de Blida, Abdelmalek Sellal a profité d’une rencontre avec les investisseurs locaux pour esquisser une réponse qui ne diffère pas de celles déjà faites pas Amar Saadani et Ahmed Ouyahia : «Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, supervise quotidiennement et pas à pas l’exécution de son programme, que le peuple a pleinement cautionné.» Sans faire référence à la demande du «groupe des 19», dont des proches du chef de l’Etat, Abdelmalek Sellal défend d’abord son action en tant que premier responsable du gouvernement, chargé d’appliquer le programme du président Bouteflika. «Telle est, en effet, notre feuille de route que nous respectons scrupuleusement et appliquons pas à pas sous la supervision directe et quotidienne de son Excellence le président de la République, seul et unique garant de la pérennité de l’Etat en vertu de la Constitution», lance-t-il, estimant que le programme du président Bouteflika «tend, en toute transparence, vers l’édification d’une économie émergente, l’augmentation de superficies irriguées d’un million d’hectares et la promotion des secteurs de l’industrie et du tourisme». «A ma connaissance, nul sur la scène politique nationale n’est aussi soucieux que le chef de l’Etat de la souveraineté nationale. N’est-ce pas lui qui a appelé, à maintes reprises, au maintien d’une marge de manœuvre pour l’Etat au volet économique ?» interroge-t-il. Et d’ajouter : «D’aucuns se demandent curieusement pourquoi nous ne libéralisons pas l’économie alors que, dans le même temps, nous encourageons les investisseurs et autres promoteurs, et pourquoi nous maintenons la politique de soutien aux prix alors que nous procédons à des révisions des tarifs de certains produits et services ?» Affirmant que le gouvernement «n’a pas abandonné le droit de préemption», Abdelmalek Sellal croit déceler «des contradictions dans les esprits sceptiques qui remettent tout en cause, alors qu’ils n’ont pas connaissance des éléments fondamentaux de chaque dossier». Ce faisant, le Premier ministre reprend à son compte les mêmes arguments que ceux utilisés par Amar Saadani pour jeter le doute sur la sincérité de cette démarche, dont les initiateurs «se disent toujours respectueux de la légitimité de Bouteflika». «Ceux qui convoitent le poste de Président doivent patienter jusqu’en 2019. Il ne faut pas qu’on sacrifie la stabilité. Il n’y a pas de développement sans stabilité», dit-il. Mais toutes ces réactions ne font qu’amplifier la polémique. Face aux attaques des responsables des partis proches du pouvoir, les initiateurs de la démarche contre-attaquent. Et avec la même virulence. C’est ainsi que l’ex-ministre de la Culture, Khalida Toumi, a taclé violemment le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qu’elle accuse d’avoir «souillé le FLN historique (1954-1962) qui est le patrimoine de tous les Algériens». A «ce monsieur, que j’ai l’honneur de ne pas connaître, on a d’abord envie de lui dire : de quoi je me mêle ? Car ce n’est pas à lui que la demande d’audience a été adressée», déclare-t-elle, lors de son passage sur les plateaux d’Echorouk TV. «C’est un scandale que le secrétaire général du FLN ignore que parmi les 19 figurent des personnalités qui ont libéré le pays. Amar Saadani est en train d’assassiner le FLN historique», a-t-elle lancé, affirmant qu’«Ahmed Ouyahia n’a jamais milité de sa vie».  

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