Le terrorisme agit par surprise là où on l’attend le moins. L’indice du risque terroriste est revu à la baisse en 2015 par le think tank international Institute for Economics & Peace (Institut pour l’économie et la paix, IEP) qui se base principalement sur les données du centre de recherche sur le terrorisme de l’université du Maryland (Etats-Unis). Cela veut-il dire que le risque que notre pays soit le théâtre d’une attaque terroriste d’une ampleur égale à celle que vient de vivre la France, ou moindre que celle qui s’est déroulée dans la capitale malienne, Bamako, soit moindre ? Kamel Rezag Bara, conseiller à la présidence de la République, donne une analyse de la situation sécuritaire du pays, dans un entretien publié par le site d’information TSA. Pour lui, «l’Algérie est à l’abri d’une menace terroriste qui pourrait remettre en cause sa sécurité nationale». «Il n’y a plus de forme de terrorisme qui soit en mesure de menacer l’Algérie dans sa sécurité nationale», dit-il, en précisant toutefois que «le terrorisme continue à être une menace sérieuse pour l’ordre public et la sécurité des personnes et des biens». Donc, tout peut arriver à n’importe quel moment. Le terrorisme agit par surprise là où on l’attend le moins. Mais faut-il dire que la lutte contre le terrorisme menée par les différents services de sécurité aux quatre coins du pays intervient comme un mur protecteur, car ce ne sont pas les tentatives de commettre des attentats qui auraient manqué ? Les services de sécurité, aguerris par des années de guerre contre le terrorisme, ne cessent de mettre en échec des trafics d’armes au niveau des frontières et de mettre hors d’état de nuire des groupuscules qui écument les maquis de quelques wilayas du centre et de l’est du pays. M. Rezag Bara parle de «moins d’une dizaine de groupes épars dans deux ou trois régions». L’offensive déclenchée par l’ANP après l’assassinat du Français Hervé Gourdel, dans la région de Tikjda, en septembre 2014, contre le groupe qui avait signé son exécution en guise d’acte de dissidence à Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) et surtout d’allégeance à Daech a été un succès sécuritaire. Les éléments de ce groupe terroriste — connu sous l’appellation de Jund El Khilafah — et leurs chefs ont tous été tués dans des opérations menées par les forces spéciales de l’ANP. Il est vrai que nul ne sait aujourd’hui s’il subsiste des résidus de ce groupe terroriste ou s’il a trouvé de nouveaux adeptes dans les réseaux dormants de l’islamisme radical pour se reconstituer. Ce qui est sûr, c’est que la lutte antiterroriste et les moyens mis par l’Etat pour venir à bout de ces groupes ont pris une telle ascendance sur leurs mouvements et leur stratégie de terreur qu’ils n’ont plus cette faculté d’agir comme ils le faisaient dans les années 1990 et au début des années 2000. Hormis quelques attentats commis contre les éléments de l’ANP, force est de constater que le terrorisme n’est plus ce qu’il était en Algérie durant la décennie noire où il constituait une véritable menace pour la sécurité nationale. Deux événements ont constitué une cinglante démonstration dans la lutte contre le terrorisme ces dernières années. D’abord le fait que les services de sécurité aient pu contenir les débordements du délitement sécuritaire chez le voisin libyen. Plusieurs tentatives d’acheminement d’armes ont été mises en échec à la frontière algéro-libyenne, longue de 900 kilomètres. La Libye a été, après la chute du régime de Tripoli, un marché d’armes à ciel ouvert où les groupes terroristes de la région du Sahel se sont avidement approvisionnés. D’aucuns pensaient que la menace sécuritaire allait vraiment prendre de l’ampleur de ce côté-là des frontières. Et cela a été effectivement le cas. Preuve en est l’attaque terroriste qui a ciblé le site gazier de Tinguentourine, à In Amenas. L’Algérie a été ciblée au cœur, dans ses infrastructures pétrolières. Et au moment où nul ne s’y attendait, les forces de l’ANP ont déclenché une riposte des plus musclées, la première du genre menée par l’armée algérienne. Elle a été une réussite en cela que les auteurs de l’attaque ont tous été éliminés. Mais pas seulement. Le message était clair à l’adresse des groupes qui tenteraient de menacer la sécurité du pays. Il est vrai qu’il n’y a pas de risque zéro. Seulement la lutte contre le terrorisme — qui a été défait dans les années 1990 par les sacrifices des forces de sécurité et la résistance des Algériens — a-t-elle été accompagnée par ce qu’on appelle aujourd’hui la «déradicalisation» de la pratique religieuse en Algérie, autrement dit la lutte contre la matrice idéologique du terrorisme et son terreau, la misère sociale ?
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