Un collectif de bureaux de consulting, engagés dans le programme national de mise à niveau de PME algériennes, dénonce le non-paiement de leurs créances qui s’étalent de 2008 à 2015. «La mise à niveau devait commencer dans les faits en 2012, mais il y a eu deux ans de retard. Pendant 2012, on n’a pas touché un sou. C’est à partir de 2013 que les dossiers ont commencé à être payés jusqu’en 2015. A partir de cette année là, tous s’est arrêté. Le dernier paiement qu’on a eu est celui de janvier 2016. Et depuis un an, on est à l’agonie. Notre seule demande, c’est d’être payé. On a fait un travail, on a des contrats. On ne comprend pas pourquoi on ne nous paye pas», fustige Gérard Lambert, directeur général de Sociade, une société algérienne de conseils aux entreprises, et l’un des membres du collectif qui compte 156 bureaux de consulting, dans une déclaration à El Watan. L’ensemble des bureaux études réclame approximativement 500 millions de dinars de créances impayées auprès de l’ANDPME, organe officiel chargé de l’exécution des activités dudit programme. Les créances impayées des bureaux d’études varient entre 1 et 40 millions de dinars. «Au début, on nous a dit qu’il fallait attendre la fusion de trois fonds : la mise à niveau, la compétitivité et l’investissement. On nous a dit que tant que la fusion n’est pas parfaite juridiquement, on ne peut pas être payé. Sauf qu’ils auraient pu payer 2015, puisqu’il n’y avait pas de fusion en 2015. La fusion, qui aurait dû durer trois mois, a pris un an, le temps d’avoir les décrets, la parution au Journal officiel, les arrêtés interministériels, etc. Et depuis décembre, tout était mis en place pour qu’on soit payés, mais on n’a pas été payés. C’est là que le vase a débordé, parce qu’on se moque de nous», dénonce-t-il, relevant que, depuis décembre, il n’y a aucune raison juridique pour que l’ANDPME ne règle pas la facture des créances impayées. Il y a une semaine, le même collectif avait organisé une conférence de presse pour dénoncer cette situation. «Après la conférence de presse, le collectif de bureaux d’études a été reçu par le directeur général de l’ANDPME. Il nous a dit qu’il y a des dossiers qui ont été signés jeudi par le contrôleur fiscal. Mais ils sont toujours au ministère de l’Industrie et n’ont pas été remontés au Trésor», déplore notre interlocuteur. Le retard du paiement des créances n’a pas été sans impact financiers sur les membres du collectif. «On est en train de mettre en difficulté les bureaux d’études. Moi, je suis très mal parce que je ne peux pas payer le personnel et mon loyer alors qu’on paye les pénalités d’impôts de la CNAS. Tous ceux qui ont cru dans la mise à niveau ont les mêmes difficultés. Je pense que ces gens ne se rendent pas compte des conséquences humaines de leur nonchalance», a-t-il affirmé. Par ailleurs, le même responsable critique la gestion du programme de mise à niveau : «Ce que nous dénonçons, c’est une certaine bureaucratie. D’une part, on a un Président qui met en route des lois qui sont favorables à cette mise à niveau et on a derrière une administration, au pire qui sabote, au mieux qui fait foirer le système», estime-t-il en citant le cas de la liste des entreprises éligibles à la mise à niveau. «Normalement sur cette liste devrait figurer le site de l’ANDPME pour qu’elle soit consultée par les bureaux d’études. Il y a des bureaux d’études qui l’ont tout de suite, alors que d’autres y ont accès deux mois après. Je refuse d’entrer dans ce système de tchipa. J’estime que des fonctionnaires ne devraient pas faire cela. C’est de la concurrence déloyale», s’insurge-t-il.
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