Samedi Ah, la miséricorde des sacrées nuits du Ramadhan ! Démonstration, à l’APN, Abdelmadjid Tebboune annonce en soirée que le président Abdelaziz Bouteflika a «donné instruction pour organiser une session spéciale du bac pour les élèves exclus de la dernière session du bac pour raison de retard». En plus de constituer un désaveu à la logique que voulait imposer la ministre de l’Education, Nouria Benghabrit, cette magnanimité présidentielle a provoqué une onde de choc : certains demandent même d’instaurer une session de rattrapage pour tout et pour rien. Comme le site satirique El Manchar qui annonce que «Bouteflika ordonne l’organisation d’une seconde session du Ramadhan pour les non-jeûneurs qui pour des raisons religieuses ou idéologiques ont refusé de jeûner pendant le le mois sacré, mais aussi les musulmans qui, distraits, ont mangé ou bu après al imsaak». Tebboune toujours : le PM annonce aussi la prochaine installation d’une «commission nationale consultative» pour l’examen du dossier du soutien destiné aux catégories démunies de la société, chargée de l’élaboration des lois et mesures à même de permettre le ciblage des personnes ouvrant droit au soutien de l’Etat dans le cadre des efforts visant à consacrer le caractère social de l’Etat. Pour résumer, consulter certains pour savoir à qui on maintient les subventions. Parler à qui ? A ceux que le gouvernement choisira. Pas plus. Dimanche C’est l’Aïd, la fête, les bisous, les gâteaux et les gastros ! Débats éternels sur le taux de commerçants qui ont ouvert, avec, en toute honnêteté, un mieux par rapport aux années écoulées (à Alger cela dit). Mais il y avait autre chose à célébrer aussi en ce jour : la mémoire de Matoub Lounès ! Chez lui, à Taourirt Moussa, ils étaient des milliers, selon nos collègues de Kabylie, venus rendre hommage au Rebelle, assassiné le 25 juin 1998. Cette semaine a son cortège des hommages et des douleurs : Matoub le 25, Boudiaf le 29 ! Des assassinats qui, au-delà des enquêtes ou des commissions, des récits des uns et des autres, restent comme des points de fixation des tensions entre peuple et gouvernants. Au-delà de l’obsession légitime de la vérité, s’impose la volonté de juger un système volatile et impuni, incapable de s’autocritiquer, incapable de produire de l’avenir. Lundi Des youyous et d’inutiles feux d’artifice en préparation. Le taux de réussite à l’examen du Brevet d’enseignement moyen (BEM) (session juin 2017) a atteint 56,33% au niveau national. Mais pour le ministère de l’Education, ce taux est quand même jugé «relativement faible». A la Chaîne III de la radio étatique, Samia Mezaïb, directrice de l’évaluation et de la prospection au ministère de l’Education, a expliqué que la faiblesse relative des réussites résulte du cumul de plusieurs facteurs, dont celui des programmes élaborés «dans l’urgence», ainsi que la formation des enseignants qui n’a pas toujours été à la hauteur des dispositions de la nouvelle réforme de l’enseignement. La responsable pointe également les manquements en termes de formation en mathématiques chez les enseignants. Au moins, nous avons un secteur qui s’évalue et fait dans l’autocritique. C’est déjà ça, même sous le 4e mandat ! Mardi Il y a quelque chose de gênant chez Mme Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algérien. Quand elle se déplace pour visiter des migrants installés dans un campement à Alger-Est, elle tente de prononcer de grands discours («L’Algérie est en train de gérer avec courage les erreurs stratégiques des grandes puissances qui sont à l’origine de nombreux drames humanitaires»), et elle rentre dans le mur de la propagande infantile en disant que la campagne haineuse est orchestrée pour «salir l’image de l’Algérie» ! A part quelques groupuscules d’extrême droite en Europe et des débiles droitiers en France, qui vous cherche la petite bête ? Des Algériens, stupides et intolérants, il en existe : faudra leur parler à eux et non pas nous bassiner encore et encore avec «l’image de l’Algérie». Car, entre nous, qui fait le plus mal à l’image du pays ? N’est-ce pas le régime et ses petits voyous satellitaires ? L’occasion ici, par ailleurs, de rappeler l’engagement de Tebboune sur la régularisation des migrants (car c’est de cela qu’il s’agit, sauf erreur d’interprétation de sa déclaration vendredi soir à l’APN) : cela représenterait un symbole magnifique de notre solidarité obligatoire avec nos amis migrants, tous les migrants, tous les étrangers sur cette terre d’Algérie que nos martyrs ont rêvé fraternelle. Mercredi Abdelmadjid Tebboune, nostalgique des années où le cinéma algérien twistait avec le succès mondial, a une belle idée : relancer l’industrie cinématographique algérienne. «Il y avait une industrie (cinématographique), nous allons la reprendre, l’Algérie était leader à l’échelle arabe et africaine dans le domaine du cinéma (…) Nous avons toutes les compétences et ressources humaines, il manque juste quelques moyens matériels qui seront remis aux mains de la famille du cinéma», a déclaré Tebboune. Alors quelques remarques, surtout concernant le dernier point en parlant des «quelques moyens matériels» : surtout ne donnez rien à personne alors que le secteur de la culture est miné par une effroyable corruption, où seuls les amis du ministère des hauteurs des Anassers sont les seuls bénéficiaires. Ceux, véritables héritiers du grand cinéma innovant et combatif algérien, ceux qui raflent des prix ailleurs et du mépris des bureaucrates ici, ceux-là sont hors radar des systèmes de rapine, heureusement, de la culture officielle qui bouffe des milliards pour de creux biopics ou de la propagande ! Si vous voulez relancer le cinéma, Monsieur Tebboune, faut s’occuper sérieusement des brutes et des truands. Jeudi «Ni la démagogie, ni les basses manœuvres n’ont pu empêcher la déconfiture d’un régime maintenu coûte que coûte, au mépris de toutes les aspirations et de tous les espoirs du peuple algérien. L’élimination de Ben Bella démontre en outre la justesse de nos positions. Mais le changement intervenu à Alger ne peut nous satisfaire. C’est tout le système qui était condamné et qui doit disparaître. Le mécontentement légitime des masses algériennes et leurs revendications constantes montrent que jamais elles n’accepteront comme solution à leurs problèmes la perpétuation du benbellisme même sans Ben Bella. La catastrophe économique exige une transformation totale des structures et des méthodes existantes. Nous irons tout droit à une dictature forcenée ou à une ‘‘congolisation’’ désastreuse si des solutions politiques ne sont pas dégagées dans les plus brefs délais ; il ne peut y avoir de demi-solutions, il faut que l’Algérie ait à sa tête un véritable pouvoir révolutionnaire et socialiste, issu des masses laborieuses, capable de promouvoir une politique hardie et réaliste et de parer aux urgences les plus flagrantes». Mohamed Boudiaf, déclaration après le coup d’Etat militaire du colonel Mohamed Boukharouba du 19 juin 1965.
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