Accueilli en sauveur de la République et de la Nation en janvier 1992, Mohamed Boudiaf a été froidement exécuté 6 mois après, le 29 juin de la même année. Il y a 25 ans, un quart de siècle jour pour jour, Mohamed Boudiaf était assassiné à Annaba. Un assassinat abject «retransmis» en direct à la télévision. Personne ne s’attendait à une tournure aussi dramatique pour le pays. Mohamed Boudiaf, un des pères fondateurs de la Révolution, militant infatigable du Mouvement national, fondateur du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA) qui a déclenché la lutte armée contre le colonialisme, avait répondu à l’appel de l’Algérie. Accueilli en sauveur de la République, de la nation en janvier 1992, il a été froidement exécuté 6 mois après, le 29 juin de la même année, par un tueur qui avait surgi de derrière les rideaux du centre culturel de la ville de Annaba où il prononçait un discours devant les cadres locaux. Son assassin a bien une identité, Mbarek Boumarafi, un officier qui faisait partie de sa protection, qui croupit depuis en prison. Il videra un chargeur dans le dos. La commission Bouchaïb, chargée juste après d’enquêter sur l’assassinat de Tayeb El Watani, a conclu à «un acte isolé». Le procès de son assassin ne fera pas mieux. Mais qui a cru à cette version ? Personne. L’affaire Boudiaf a connu bien des rebondissements. D’abord, les déclarations de sa femme, Fatiha Boudiaf, qui a remis, à un certain moment, en cause la version de «l’acte isolé», en doutant même de l’identité de celui qui a tiré sur le président du Haut Comité d’Etat, rappelé pour sauver l’Algérie après la «démission» de l’ancien président algérien, le défunt Chadli Bendjedid, et l’interruption du processus électoral en janvier 1992. Son fils Nacer, lui, n’a cessé de chercher la vérité sur l’assassinat de son père. Mais difficile a été la quête, 25 ans durant, de la vérité devant un mur de silence qui a plombé le dossier de l’assassinat de Mohamed Boudiaf frappé du sceau de «l’acte isolé». Après avoir accusé certains hauts responsables de l’Etat de l’époque, Nacer Boudiaf a fini par se lasser. Dans un entretien publié l’année dernière par TSA, il désignait clairement «Larbi Belkheir, Toufik, Khaled Nezzar et Smaïn Lamari comme étant les quatre commanditaires de l’assassinat de son père. Le dernier (Lamari), affirmait-il, était l’exécuteur de la mission». Nacer était même certain des mobiles. «Mohamed Boudiaf les dérangeait car ses objectifs étaient clairs : l’élimination des mafias, la sauvegarde de l’Algérie et la démocratisation du système. Ce qu’ils n’ont jamais accepté !» avait-il expliqué. Désormais, le fils de Boudiaf a décidé de se consacrer à un autre projet que de courir indéfiniment après la vérité sur l’assassinat de Mohamed Boudiaf. Dans une lettre adressée à son père, dont une copie est parvenue à El Watan, Nacer Boudiaf, qui a appelé à un recueillement aujourd’hui à El Alia à Alger, lui demande de lui pardonner de ne plus rechercher la vérité sur son lâche assassinat, car l’Algérie qu’il a «toujours eu chevillée au cœur, est aujourd’hui en danger». C’est «parce qu’elle est en danger, écrit-il «que j’ai décidé de laisser le sort de tes lâches assassins à la Justice de Dieu, pour me consacrer à l’objectif de libérer l’Algérie des griffes des faucons du système installés après l’indépendance confisquée ; un système qui ne craint pas Dieu et qui n’a jamais respecté le peuple algérien». Nacer Boudiaf semble vouloir désormais se consacrer à un projet politique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire