C’est dans d’autres circonstances que 25 ans après, le même groupe, la même poignée d’humbles hommes se sont recueillis dans le même lieu à Annaba, à la même heure, 11h42, où avait été abattu Mohamed Boudiaf, l’ex-président algérien, a-t-on constaté sur place. Dans d’autres circonstances, car Nacer Boudiaf, le fils du président assassiné, a cessé d’enquêter sur les auteurs de ce crime d’Etat alors que les Algériens sont encore dans l’attente de la vérité sur ce drame qui n’a pas livré tous ses secrets. Dans d’autres circonstances également puisque cette année la commémoration de la disparition tragique de Si Tayeb El Watani a été assurée indirectement par la Gendarmerie nationale dont des démonstrations ont été organisées au pied de la stèle érigée à l’entrée du palais de la Culture, baptisé du nom du défunt. Les portes ouvertes de ce corps constitué ont coïncidé avec l’assassinat du président dont la manifestation et la commémoration se sont déroulées simultanément dans le même lieu. Dans d’autres circonstances, encore une fois, car ce sont des enfants de gendarmes qui, après les démonstrations, ont déposé des gerbes de fleurs et récité la Fatiha à la mémoire de leur ancien président, à la place des adultes, habitués à le faire chaque année. Ces adultes sont, entre autres, des citoyens, des universitaires, des représentants du parti RCD, le grand reporter Maamar Farah, Djamel Daoudi, le vice-président de la CCI Seybouse et bien sûr Me Hchaïchia Hmaïda, membre fondateur de la Fondation Mohamed Boudiaf. Qualifié de «poète de feu Mohamed Boudiaf», Salah Chaâbane Chaouch n’a pas omis ce rendez-vous annuel pour lire à l’assistance un autre émouvant poème dédié à la mémoire du défunt. En l’absence et l’indifférence des autorités officielles locales et nationales, cette assistance a tenu, comme d’habitude, à rendre hommage à ce grand homme pour rappeler, pour que nul n’oublie, que «Mohamed Boudiaf, un honnête révolutionnaire, avait été appelé clandestinement à la rescousse pour sauver l’Algérie en déperdition. A l’appel de l’Algérie, il avait répondu ‘‘oui’’, ignorant qu’il venait en même temps de signer son acte de mort car assassiné en ce lieu même. Il était venu avec l’espoir de donner au peuple algérien une réponse définitive à sa célèbre interrogation : «Où va l’Algérie ?». Et on commémore aujourd’hui (hier) un quart de siècle après, clandestinement, le crime contre ce chahid en l’absence des autorités locales.».
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