Le blogueur Merzoug Touati, arrêté en janvier dernier à Béjaia, est toujours en prison. Il est détenu depuis 6 mois à la prison d’Oued Ghir, en attendant son audition par le juge d’instruction, le 9 juillet prochain. Les mois passent, mais le procès tarde à venir. La famille et l’avocat du blogueur s’expriment. Merzoug, 28 ans, est accusé d’intelligence avec un pays étranger et d’incitation à la violence. Des accusations qui reposent sur des publications diffusées sur internet, dont une interview avec un israélien. Les parents du blogueur sont convaincus de l’innocence de leur fils qui « n’a jamais fait de mal à personne. » Mais ils sont très inquiets. «Il arrivait à peine à tenir debout, mardi dernier », atteste la mère. Le père, Rachid, ajoute : « Il a fait une grève de la faim de 4 jours, de vendredi à lundi derniers ( du 23 au 26 juillet), nous l’avons convaincu de mettre faim à cette grève…». « Merzouk réclame un procès. Cela fait six mois qu’il est en prison », explique la mère, qui rend visite à son fils détenu, une fois toute les deux semaines. Le jeune blogueur devait être entendu, aujourd’hui mardi, par le juge d’instruction du tribunal de Béjaia». Mais sur demande de la défense, cette « dernière audition » est renvoyée au 9 juillet prochain. Le procès de Merzoug Touati devrait être programmé dans la dernière session criminelle, vers le mois octobre, selon son avocat, Me Hamaili Boubaker Essedik. Le blogueur, qui était dans son « droit absolu » de s’exprimer sur internet, est victime d’une « détention abusive », souligne l’avocat. Son client est accusé « intelligence avec l’ennemi » alors qu’ « il n’est pas en position de détenir la moindre information secrète, de nature à intéresser un Etat étranger, ni constituer un danger contre la sécurité du pays». Même constat pour l’accusation d’« incitation à la violence », qui va en contre sens du contenu des publications de Merzoug Touati, dans lesquelles on reconnait l’activiste « pacifiste ». Ces accusations ont été « distribuées gratuitement. », selon Me Hamaili qui estime que : « Le recours à la détention provisoire, une mesure d’exception, ne s’applique pas sur un journaliste libre, dans une affaire de liberté d’expression ». La justice algérienne a condamné plusieurs blogueurs et autres activistes à la prison, et ce, pour avoir publié sur les réseaux sociaux des informations ou des opinions à caractère politique ou religieux. L’opinion publique nationale a été marquée par la mort en détention du journaliste Mohamed Tamalt, survenue en décembre 2016. Le nouveau gouvernement promet, dans son plan d’action, de « respecter » la liberté d’expression et de « promouvoir la démocratie ». Un vœu, inscrit dans la Constitution et exprimé par les gouvernements successifs, mais qui attend toujours d’être concrétisé. Il faut dire aussi que les atteintes aux libertés en Algérie, sont favorisées par l’indifférence d’une partie importante de la société.
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