mercredi 28 juin 2017

La question de tamazight n’est toujours pas réglée

La langue amazighe est officiellement reconnue par la Constitution, pourtant l’APN continue de fonctionner comme si seule la langue arabe avait le droit au chapitre dans l’hémicycle. Depuis 2016, tamazight est une langue officielle, inscrite dans la Constitution. Comment, dans ces conditions, juger la réaction hostile de Kheira Bounedja, députée FLN de Aïn Defla, qui s’en est pris à Mohand Arezki Hamdous, député RCD de Tizi Ouzou, pour avoir parlé en kabyle lors de son intervention. Si plusieurs députés ne comprennent toujours pas la réaction déplacée de la députée de Aïn Defla, et la «tempête dans un verre d’eau» qui a suivi la polémique dans les médias, beaucoup rappellent que lors de la précédente législature, des députés sont intervenus en tamazight sans que cela ne soulève une quelconque réticence. «Beaucoup de députés ont parlé en kabyle sans que cela ne pose un quelconque problème aux autres députés», insiste Saïd Lakhdari, président du groupe FLN à l’APN et député de Tizi Ouzou. Le patron des parlementaires du FLN regrette la récupération politique qu’en a fait le parti de Mohcine Belabbas sur le sujet. «Le RCD a grossi l’affaire pour  une récupération politique, alors qu’elle n’avait pas lieu d’être», juge-t-il, tout en condamnant l’attitude de la députée de son parti, coupable à ses yeux d’avoir outrepassé ses prérogatives. «C’est au président de l’APN que revient la décision d’interrompre un député, car cela fait partie de ses prérogatives», précise-t-il. Pour sa «sortie», la députée de Aïn Defla a été rappelée à l’ordre et est convoquée la semaine prochaine dans le bureau du président du groupe FLN à l’APN. Pour les représentants du peuple, l’APN porte également une grande part de responsabilité dans cette polémique. Depuis l’officialisation de tamazight, l’APN ne s’est toujours pas mise aux normes de la réalité linguistique nationale et continue de fonctionner comme si seule la langue arabe avait droit au chapitre lors des interventions des députés. La solution réside dans la mise en place d’une traduction simultanée vers l’arabe pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue kabyle. C’est en tout cas ce que souhaite Naima Salhi, présidente du Parti de l’équité et de la proclamation, qui a demandé de ne pas en vouloir aux députés qui ne comprennent pas encore la langue berbère. «Elle a été, certes, officialisée dans notre Constitution. Mais, c’est pour les générations futures qui vont la maîtriser mieux que nous. Il n’est pas scandaleux de traduire en arabe ce que le député du RCD a dit pour que tout le monde puisse comprendre et réagir», a-t-elle affirmé. A l’APN donc de s’adapter rapidement pour éviter, lors de la prochaine session, de nouvelles escarmouches entre les députés.     

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