Pour sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures, le FMI précise que l’Algérie devrait mettre en œuvre un ambitieux programme de réformes structurelles pour faciliter l’émergence d’un secteur privé dynamique. Des réformes structurelles devraient être soigneusement séquencées et démarrées sans délai.» C’est ce que recommande le Fonds monétaire international (FMI) à l’Algérie pour dépasser la crise économique actuelle. Dans son rapport sur les consultations de l’article IV de 2017 avec l’Algérie, les experts de cette institution monétaire internationale, qui ont passé au crible toutes les données économiques du pays, dressent, en effet, une longue série de réformes qui devraient concerner tous les domaines. Parmi elles, il y a la plus controversée, en l’occurrence la révision du système des subventions. Le FMI encourage, dans son document, les autorités à aller vers «des subventions ciblées». «Les réformes structurelles devraient être conçues pour garantir que le fardeau de l’ajustement soit supporté équitablement. Les réformes devraient être soigneusement conçues compte tenu de leurs répercussions (…) Les réformes budgétaires, en particulier, ont un rôle clé à jouer pour assurer l’équité dans le partage des coûts potentiels de l’ajustement. Par exemple, les subventions à l’énergie, coûteuses, devraient être progressivement remplacées par des transferts monétaires ciblés», lit-on dans ce document. Toujours sur le plan purement social, le FMI estime que le marché algérien du travail se caractérise par un manque de la flexibilité. Les auteurs du rapport soulignent, dans ce sens, les règles coûteuses d’embauche et de licenciement, les taxes élevées sur les salaires, les disparités entre les compétences offertes par les demandeurs d’emploi et celles recherchées par les entreprises, les exigences strictes d’éligibilité qui limitent l’accès au système d’assurance chômage et les hausses salariales jugées excessives par rapport à la productivité. «Ces caractéristiques réduisent la demande de main-d’œuvre et nuisent à la mobilité de cette dernière. Elles excluent également une grande partie de la population du marché du travail, en particulier les femmes et les jeunes, et contribuent à l’élargissement du secteur informel», souligne-t-on dans ce rapport. Ce faisant, le FMI insiste sur la nécessité d’évaluer en profondeur l’efficacité des politiques du marché du travail, d’améliorer le système de prestations de chômage, de développer les liens entre le système éducatif et le secteur privé, et envisager des mesures qui soutiendraient une plus grande participation des femmes au marché du travail. «Assouplir la règle 51/49 et éviter les licences d’importation» Appelant les autorités à ouvrir l’économie à plus de commerce et d’investissements étrangers, le rapport réclame à nouveau l’assouplissement de la règle 51/49. Cela, indiquent les auteurs de ce document, pourrait aider à renforcer la concurrence sur le marché intérieur et permettre le transfert de la technologie susceptible d’améliorer la compétitivité des entreprises algériennes. Les experts du FMI contestent toutefois le recours aux licences d’importation appliquées par le gouvernement afin de réduire les dépenses. «Les licences d’importation doivent être évitées parce qu’elles augmentent les pressions inflationnistes», souligne-t-on. Les cadres du FMI encouragent aussi les autorités à poursuivre les négociations en vue d’accéder à l’organisation mondiale du commerce (OMC). Rappelant que l’Algérie arrive à «la dernière position presque dans tous les domaines par rapport aux pays émergents qui ont fait l’objet d’enquêtes similaires», le rapport relève l’existence d’obstacles structurels multiples et entrelacés pour le développement économique en Algérie. «Les déficiences notables comprennent un environnement commercial restrictif, un accès difficile à la finance, la faible gouvernance et les contrôles de la corruption, la transparence et la concurrence insuffisante, les obstacles élevés à l’entrée à un marché du travail rigide, l’inadéquation des compétences professionnelles et une croissance excessive des salaires par rapport à la production», précise-t-on. Recours à l’endettement extérieur et privatisation Pour sortir le pays de sa dépendance aux hydrocarbures, le FMI invite aussi à la consolidation budgétaire afin de rétablir les équilibres macroéconomiques. L’Algérie, précise aussi le rapport, devrait mettre en œuvre un ambitieux programme de réformes structurelles pour faciliter l’émergence d’un secteur privé dynamique. A cet effet, les experts du FMI exhortent les autorités à réduire davantage la bureaucratie excessive et à renforcer les cadres institutionnels et juridiques. «Les enquêtes d’opinion indiquent qu’une bureaucratie et une corruption excessives sont des obstacles majeurs à l’investissement privé. D’autres indicateurs indiquent des lacunes au niveau du cadre institutionnel et juridique. Ainsi, la simplification des procédures administratives et l’accélération de la transition à une économie numérique devraient être prioritaires», indique-t-on, en appelant à plus de facilité pour la création des entreprises et l’accès des PME aux crédits. Le FMI appelle également les autorités à recourir à la «privatisation des entreprises publiques non stratégiques» et à ne pas hésiter à recourir à l’augmentation des emprunts, y compris ceux extérieurs, pour réduire les dépenses plus progressivement que prévu.
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