Par Nassima Oulebsir «Le bac ou la guerre», menace le peuple qui a passablement échoué à l’examen. «Y a mhaynek, chaabi w na3arfou», murmure le roi Achour El Acher à la ministre de l’Education BenAfrit… Elle tente de le persuader de ne pas céder et de rester ferme et rigoureux. Il s’agit d’un baccalauréat dont elle a d’ailleurs réussi l’organisation, en dépit des tentatives de fraude… Mais pas question de contrarier le peuple. Le souverain, dans son infinie bonté, décide d’accorder le titre de bachelier à tous les candidats peu importe s’ils ont échoué. Dépitée, vexée, la ministre, quitte le château et... sa fonction. Ces scènes qui nous ont fait rire sont tirées de la série Achour El Acher que beaucoup ont suivi pendant le Ramadhan. Mais la fiction a fini par rejoindre la réalité, à quelques détails près. La vraie ministre de l’Education nationale, Nouria Benghabrit, n’a en effet pas encore quitté le palais... du gouvernement. Pourtant on se croirait bien dans une comédie, mais sans Djaafar Kassem. Le président de la République, en guise de cadeau de l’Aïd, a décidé d’organiser une session spéciale pour les candidats retardataires au bac. Pour la discipline et la rigueur tant voulues par Nouria Benghabrit, il faudra repasser. Il semble que rendre à un examen, qui a perdu tout intérêt, sa crédibilité ne fait pas le poids devant la culture du populisme. La politique de la paix sociale à tout prix a fini par toucher l’école, mais c’est loin d’être la première fois. Car lorsque l’ancien ministre de l’Education, Baba Ahmed, avait décidé, dans le cadre de la loi, de sanctionner les candidats fraudeurs de 5 ans d’interdiction d’examen, Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre, était intervenu pour dire : «Laissez les passer cette année.» Quelques années plus tard, Sellal, encore lui, somme Benghabrit de «Laisser les élèves se reposer» quand, dans une démarche pédagogique, elle avait décidé de leur accorder des vacances d’hiver de 10 jours. Au final, ils ont en eu 19. Une décision antipédagogique pour le bien d’une génération habituée, semble-t-il, au traitement de faveur et celui de responsables versatiles à la générosité changeante dans un pays où ils ont perdu tout crédit. Car il s’agit des mêmes décideurs qui ont refusé d’accorder une session extraordinaire ou spéciale aux élèves de la Kabylie en 2001 ou à ceux de Ghardaïa quelques années plus tard. Pas question pour eux de faire du «régionalisme» ou de la «discrimination». Visiblement, on n’est plus aussi regardant vis- à-vis du tort que cette démarche pourrait causer aux autres candidats qui, eux, ont passé leur bac dans des conditions plus contraignantes. On ne s’indigne plus même quand il s’agit d’encourager l’indiscipline. Les syndicats, qui ont pour habitude de dégainer, à la moindre occasion, les menaces de boycott des corrections ou de la surveillance des examens, se sont contentés de dénoncer, en réponse aux questions des médias. Pas étonnant que cela ne fasse pas partie de leurs revendications. Au vu de la crise, ils n’ont plus rien à gratter. Qu’elle soit organisée en juillet ou en septembre, cette session donne déjà un avant-goût amer du prochain bac 2018. Et nous serions tenté de dire : candidats attas attas mazal el hal…
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