Selon le Premier ministre, la préoccupation principale de l’Exécutif est «de trouver des solutions permettant de préserver les équilibres financiers majeurs pour éviter le recours à l’endettement extérieur, renforcer la cohésion sociale et préserver la sécurité et la stabilité». On a demandé la clarification des objectifs du plan d’action du gouvernement, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, les a résumés en une phrase claire et concise. Selon lui, la préoccupation principale de l’Exécutif est de «trouver des solutions permettant de préserver les équilibres financiers majeurs pour éviter le recours à l’endettement extérieur, renforcer la cohésion sociale et préserver la sécurité et la stabilité». Mais où trouvera-t-il l’argent pour assurer les grands équilibres ? Où cherchera-t-il les 20 à 25 milliards de dollars pour combler le déficit budgétaire estimé à 16% ? La réorientation ou le ciblage des subventions de l’Etat suffiraient-ils à eux seuls à maintenir sous perfusion une économie qui agonise ? Certainement pas. Il faut attendre l’élaboration du projet de loi de finances 2018 pour voir de quoi est réellement capable l’Exécutif en matière de politique sociale. Pas seulement, on le verra concrètement à l’œuvre, lui qui sera obligé d’aller dénicher de l’argent pas pour relancer une économie qui bat de l’aile, mais juste pour qu’elle continue à fonctionner comme elle est. C’est-à-dire continuer à survivre sans perspective d’avenir. Abdelmadjid Tebboune parle de l’impôt sur la fortune et d’une nouvelle imposition qui frappera les entreprises pour renflouer les caisses de l’Etat. En fait, ce sont ces niches-là sur lesquelles comptent les pouvoirs publics pour juguler la crise en attendant des jours meilleurs. A bien considérer les déclarations du Premier ministre, le monde de l’entreprise dans notre pays devrait encore s’attendre à des moments difficiles. Avec tous les problèmes auxquels elle est déjà confrontée, l’entreprise algérienne à laquelle on demande de la croissance aura fort à faire avec de nouvelles taxes qui freineraient certainement son élan. Pourquoi l’Exécutif ne s’attaquerait-il pas en urgence à l’informel qui gangrène l’économie ? Pourquoi ne concevrait-il pas une thérapie de choc pour se débarrasser de ce mal qui bloque sérieusement le développement du pays ? Comme ses prédécesseurs, le gouvernement Tebboune a eu à avouer sa difficulté, voire son incapacité à livrer une véritable guerre à ce phénomène de l’économie parallèle. Pourtant, le coup vaudrait bien la chandelle : le poids de l’informel est en moyenne de 45% du produit intérieur brut (PIB), de 37 milliards de dollars selon des estimations données par le Premier ministre en 2014, et de 55 milliards de dollars en 2012 d’après une étude du think tank IFRI. Ne parlant pas de l’évasion fiscale qui, selon des statistiques données il y a trois ans par la commission des droits de l’homme, avoisinerait les 50 milliards de dollars. L’équipe Sellal a tenté de capter l’argent de l’informel sans réaliser de grands résultats. Celui-ci semble préférer les circuits illégaux où il a prospéré et prospère toujours. Celle de son successeur ne compte pas elle aussi franchir la ligne rouge, pourtant ce sont autant de niches et de solutions qui auraient pu être explorées. Pour des experts, ce sont là les vraies clés pour assainir et relancer l’économie. Augmenter l’impôt pour les entreprises, réorienter les subventions de l’Etat pour ne cibler que les catégories les plus vulnérables, imposer la fortune, redéfinir les secteurs prioritaires pour l’investissement public, ce que M. Tebboune appelle la rationalisation des dépenses, suffiront-ils à préserver les équilibres, lorsqu’on n’arrive pas à réduire sensiblement le volume des importations ? On le saura certainement dans le détail dans la prochaine loi de finances. Mais d’ores et déjà, on ne comprend pas comment le gouvernement compte concilier rationalisation des dépenses, austérité en termes crus, le maintien des politiques sociales et les grands projets dans un environnement économique fait d’immobilisme et mortellement dépendant de la rente pétrolière dont les revenus ont considérablement baissé.
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