jeudi 2 novembre 2017

«L’abandon de l’Etat social se précise»

Intervenant lors d’une conférence ayant pour thème «Préserver l’Etat social de la Proclamation de Novembre 1954», organisée hier au siège du Front des forces socialistes (FFS), Noureddine Bouderba a souligné le paradoxe entre l’importance des dépenses (plus de 300 milliards de dollars) censées mettre en branle la machine économique et le résultat obtenu 17 ans après. Nous sommes face à l’échec d’une politique et non pas face à une simple crise née de la baisse des prix du pétrole», affirme l’ancien syndicaliste et spécialiste des questions sociales, Noureddine Bouderba. Intervenant lors d’une conférence ayant pour thème «Préserver l’Etat social de la Proclamation de Novembre 1954», organisée hier au siège du Front des forces socialistes (FFS), il a souligné le paradoxe entre l’importance des dépenses (plus de 300 milliards de dollars) censées mettre en branle la machine économique et le résultat obtenu 17 ans après. L’orateur entame, en effet, son intervention en dressant un sombre constat de la situation du pays, illustrée par des images du quotidien national. «Ainsi, dit-il, les séquences des centaines de jeunes étudiants agglutinés devant l’Institut français d’Alger pour avoir un diplôme leur permettant, peut-être, d’obtenir un visa, traduisent la ‘‘malvie’’ de nos jeunes.» Selon lui, «le discours d’Ahmed Ouyahia sur la crise et les images de la tragédie des années 1990 diffusées par l’ENTV ont pour but de conditionner la population et l’amener à accepter l’abandon de l’Etat social.» Cet abandon, enchaîne-t-il, se confirme sur le terrain et dans plusieurs secteurs. Et tout cela au nom de l’austérité. «Le maintien de certains projets comme la grande mosquée d’Alger au détriment de projets vitaux comme les hôpitaux démontre encore l’ampleur du désastre. Avec ses universités privées, l’oligarchie prépare sa progéniture à prendre les leviers économiques du pays», critique-t-il. Parmi les signes avant-coureurs de l’abandon de l’Etat social, Noureddine Bouderba cite le projet de la loi sanitaire qu’il qualifie de «véritable danger, puisqu’elle prépare le terrain à la privatisation du système de santé.» Dénonçant les arguments des gestionnaires du système de santé qui, selon lui, «se comportent comme des colons avec les Algériens», l’orateur souligne d’emblée que le pays reste à la traîne en matière de développement du système de santé. «L’Algérie n’a pas encore atteint les objectifs du millénaire en matière de santé. Elle ne consacre que 9,3% des dépenses publiques à ce secteur au lieu des 15% exigés. L’Algérie dépense 10 fois moins que la moyenne mondiale en matière de santé», souligne-t-il, démontant l’argumentaire du gouvernement sur la gratuité des soins. A ce sujet, il précise que «la sécurité sociale dépense 350 milliards DA/an, soit le même niveau que les financements de l’Etat». L’orateur revient aussi sur la révision à la baisse du budget de l’éducation et le maintien des mécanismes de l’emploi dans la même situation que celle d’aujourd’hui en dépit de l’échec. «Cela confirme aussi l’abandon de l’Etat social», indique-t-il. «Le PLF-2018 est antinational» Intervenant à l’ouverture de cette rencontre-débat, Ali Laskri, député et membre de l’instance présidentielle du FFS, qualifie «d’injuste» et d’«antisocial» le projet de loi de finances 2018. «Nous déplorons que 63 ans après le déclenchement de la guerre de Libération nationale que la loi de finances 2018, au lieu d’améliorer la situation sociale des algériens ne fait que l’aggraver. Nous dénonçons le caractère injuste de ce projet qui ampute gravement le pouvoir d’achat des citoyens et citoyennes», lance-t-il. Selon lui, ce projet «est antisocial car il hypothèque les ressources nationales». «Nous dénonçons son caractère antipopulaire, antisocial et antinational qui se décline avec la privatisation annoncée des secteurs et services publics et l’abandon progressif des subventions», lance-t-il, affirmant que ce «texte constitue une trahison des idéaux de Novembre à plus d’un titre». «Nous assistons à la privatisation de l’Etat et des institutions, à la dépossession des citoyens de leurs droits politiques, économiques, sociaux et culturels», ajoute-t-il. Selon lui, les biens publics et les ressources nationales échappent au peuple qui assiste, impuissant, à «la cession aux prédateurs algériens et étrangers de leurs territoires fonciers, des terres agricoles, miniers dont le gaz de schiste». «L’Etat social ne peut se réduire à de simples transferts sociaux», enchaîne-t-il. «Il incarne la protection sociale et le droit du travail, les services publics et la politique macroéconomique de soutien de l’activité et de l’emploi. Un tel Etat doit accorder la priorité au bien-être du citoyen et la satisfaction de ses droits fondamentaux», précise-t-il, rappelant que «l’avenir du pays ne peut être décidé par l’oligarchie mais ne peut se concevoir que par la participation sans exclusion de tous ses enfants.»  

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