Le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international a critiqué le recours au financement non conventionnel pour faire face à la crise financière. «Toutes les expériences dans le monde ont montré que le recours au financement non conventionnel n’est pas la meilleure solution», a déclaré Jihad Azour, lors d’une conférence de presse à Rabat sur les perspectives économiques pour la région MENA. En réponse à une question sur l’appréciation que fait le FMI du choix de l’Algérie d’aller vers l’option de la planche à billets, le responsable du FMI a tenu à préciser que l’opération de financement du déficit budgétaire à travers le financement non conventionnel n’a pas apporté de solutions dans beaucoup de pays, mais bien au contraire, elle a eu un sérieux impact sur les réserves de la Banque centrale et sur le taux d’inflation. «Il existe d’autres mécanismes et de meilleures voies sans impact négatif et garantissant plus d’indépendance à la Banque centrale.» Jihad Azour, qui avait effectué une visite de travail en Algérie il y a près de deux mois, a insisté en répondant aux journalistes, lors de sa conférence de presse à Rabat et à laquelle ont pris part des représentants de médias des pays de la région MENA, pour dire qu’il existe d’autres voies qui préservent les réserves publiques. Dans le point de situation présenté jeudi par le FMI pour la région MENA et Asie centrale, il est noté que la croissance de l’Algérie devrait ralentir à 1,5% en 2017, puis descendre à 0,8% en 2018, et ce, sous l’effet de la compression projetée des dépenses publiques, avant de se redresser à moyen terme. Ceci, alors que la croissance dans les pays de la région dont l’économie ne dépend pas des hydrocarbures connaît des signaux positifs. Jihad Azour a estimé, toutefois, que suite à la chute des prix du pétrole, l’Algérie a su s’adapter au nouveau contexte des cours et marché de l’or noir, en prenant un certain nombre de très bonnes mesures qui ont permis de réduire le niveau du déficit budgétaire. «Il n’y a aucun doute que ces mesures ont contribué à l’amélioration des finances publiques et des comptes courants.» «La relation entre le FMI et l’Algérie est très bonne. J’ai eu le plaisir de visiter l’Algérie il y a deux mois de cela et j’ai pu voir de près ce qui se fait en termes de mesures pour apporter les réformes économiques nécessaires en optant pour la diversification de l’économie et préparer l’après-pétrole», dit-il en notant que l’Algérie fait partie des pays qui jouissent d’un grand potentiel pour mener à bien l’opération de diversification de l’économie. Il cite à ce titre l’avantage de son emplacement géographique et sa superficie de plus grand pays d’Afrique, ainsi que son capital de population jeune et diplômée et surtout ses atouts et richesses hors hydrocarbures pouvant lui assurer le développement voulu. «Nous travaillons en étroite collaboration avec l’Algérie afin de la soutenir dans sa démarche de réformes et élargir ses activités et potentiel économiques, à travers notamment l’amélioration du climat des affaires et le soutien aux réformes adoptées par le ministère des Finances ainsi qu’à travers d’autres moyens», indique le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale. Interrogé par ailleurs sur le sort réservé au prêt accordé par l’Algérie au FMI et dont le montant est de 5 milliards de dollars, le représentant du FMI s’est montré évasif et a affirmé ignorer ce détail dans le dossier Algérie et qu’il allait s’en informer. Le même responsable note que «ce que vit l’Algérie aujourd’hui et d’autres pays de la région est positif dans le sens où cela a permis à beaucoup de pays pétroliers de réfléchir sérieusement à sortir de manière graduelle de leur dépendance aux hydrocarbures». Il reste aux pays de la région, dit-il, d’adopter le meilleur cadre politique ou économique permettant un réel développement et une meilleure croissance.
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