Une fois de plus, les budgets des ménagères sont mis à rude épreuve. En plus des dépenses de la rentrée scolaire, ces dernières doivent aussi jongler avec leurs ressources financières pour faire leurs emplettes. Depuis quelques jours déjà, les prix des fruits et légumes, des légumes secs et des viandes ont sensiblement augmenté. Un petit tour dans les marchés populaires d’Alger-Centre suffit pour constater cette inflation. Les ménagères mal à l’aise Au cœur du quartier mythique de Belcourt, dans la commune de Belouizdad, les prix vont dans tous les sens. Pour Mourad, détaillant, les prix sont libres. La laitue est en tête de liste des produits dont le prix a grimpé, elle est cédée entre 180 et 200 DA le kilo. La courgette est à 220 DA le kilo et les navets, qui se font de plus en plus rares, coûte de 120 jusqu’à 190 DA. Même la carotte n’est pas épargnée par cette inflation et est cédée entre 100 et 150 DA le kilo. La pomme de terre, quant à elle, n’a pas été profondément touchée par cette flambée et son prix n’a augmenté que de 20 à 30 DA ; elle est affichée de 40 à 60 DA. Le poivron est à 130 DA, le concombre à 100- 120 DA et le mange-tout à 160 DA, la tomate de 120 à 150 DA et le citron à 400 DA le kilo ; le prix de ce dernier n’a pas baissé depuis plusieurs mois, même en pleine saison. Une flambée qui met mal à l’aise Fatima, maman de quatre enfants et fonctionnaire de son état. «Je suis obligée de faire toute une gymnastique avec mon salaire et celui de mon mari pour faire face à nos dépenses mensuelles et surtout pouvoir faire nos emplettes sans être obligés de nous endetter. Avec cette flambée des prix, ma mission est loin d’être facile», a-t-elle déclaré. Au rayon fruits, le constat est le même. Disponibles en variété et en qualité, ils ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Le kilo de bananes coûte de 170 jusqu’à 220 DA le kilo, la poire et la pomme 170 DA et le raisin de 120 à 180 DA. D’après les derniers chiffres officiels de l’Office national des statistiques (ONS), le taux d’inflation du mois de juillet a atteint 5%, au moment où les prix des produits à la consommation ont connu une hausse de 3,7% et ceux des fruits et légumes de 1,7%. L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a déclaré que cette inflation, estimée à 16%, est due à trois facteurs : «Le fait qu’on soit en fin de saison contribue fortement à cette hausse des prix. Les produits de la saison estivale se font de plus en plus rares sur le marché et ceux de l’automne/hiver, qui font timidement leur entrée, sont encore chers. Le deuxième facteur est les changements climatiques qui ont abîmé plusieurs récoltes, entre autres la laitue.» L’UGCAA précise que plusieurs agriculteurs ont déclaré que leurs récoltes ont été complètement perdues lors de la dernière vague de chaleur. Ce qui a induit automatiquement l’augmentation des prix. Pour la courgette et les navets, à titre d’exemple, la demande est trop forte par rapport à l’offre. L’augmentation de la demande s’explique aussi par la reprise de l’activité des restaurants, fast-foods et cantines. Le dernier facteur est le manque de marchés de proximité. D’après M. Boulenouar, secrétaire général de l’UGCAA, cette carence permet aux détaillants de gonfler de 50 à 100% les prix de gros. Sur le territoire national, un déficit de 3000 marchés de proximité est enregistré. M. Boulenouar nie toutefois la présence de spéculation. En ce qui concerne les viandes blanches, M. Boulenouar explique que la première raison de la flambée des prix est le déficit qui s’élève à 100 000 tonnes. Une offre en deçà de la demande La demande nationale annuelle est estimée à 400 000 t et la production ne dépasse pas les 300 000 t. «De plus, certains éleveurs ne procèdent pas à l’élevage durant les mois de grande chaleur par peur des maladies. Ils ne l’entament que vers la fin du mois d’août et ne pourront garantir une offre qu’à fin septembre ou à la mi-octobre», a-t-il ajouté, avant d’assurer que vers la fin du mois en cours, le prix du kilo de viande blanche va nettement baisser. Il en est de même pour les fruits et légumes, dont l’inflation ne pourra pas tenir bon, sauf si une nouvelle dévaluation du dinar s’annonce. Pour les produits de consommation comme les légumes secs, une nette augmentation est à déplorer. D’après M. Boulenouar, les pois chiches ont augmenté de 50 DA cette semaine. Les lentilles, quant à elles, ont connu une augmentation de 80 DA en 20 jours, passant de 130 à 180 puis à 210 DA le kilo. Une augmentation du prix des haricots secs est aussi prévue pour les prochains jours. La chute de la valeur du dinar est la première cause de cette augmentation. Cette inflation est remarquée pour tous les produits importés ou nécessitant une matière première importée. En dernier, M. Boulenouar explique qu’à l’approche de l’Aïd El Adha, le prix du mouton connaîtra aussi une augmentation en raison de l’insuffisance de bêtes : la production nationale ne dépasse pas les 25 millions de têtes. Selon les prévisions de l’UGCAA, le prix du mouton, cette année, oscillera entre 40 000 et 60 000 DA. Ce qui privera beaucoup de familles du sacrifice de l’Aïd.
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