dimanche 20 septembre 2015

«L’informel profite aux spéculateurs»

- Quelle est la situation des prix à l’approche de l’Aïd ? Nous avons constaté, ces trois derniers jours une baisse des prix. Une seule explication à cela : l’offre est plus importante que la demande. Cette situation constatée dans les wilayas pastorales se répercutera dans les autres wilayas, comme l’a prédit dans sa dernière déclaration le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui. Les citoyens des wilayas du nord, en Oranie et dans le centre du pays constateront cette baisse du prix du mouton, qui est cédé actuellement entre 25 et 50 000 DA et dans certains cas plus. L’offre répond à toutes les demandes des différentes couches de la société. Le cheptel ovin est disponible et donc il ne doit pas avoir une hausse de prix à la veille de l’Aïd. Les spéculateurs et les nombreux intermédiaires font que les prix sont élevés pour que la marge bénéficiaire augmente. - Qui sont, justement, ces spéculateurs ? Pour résumer, ce sont des gens qui ont de l’argent et qui changent d’activité au gré des saisons : ils sont vendeurs de zlabia durant le mois de Ramadhan, à la rentrée, ils versent dans l’habillement ou les fournitures scolaires et à l’arrivée de l’Aïd, ils approchent les éleveurs pour leur acheter un nombre important de moutons, qui va jusqu’à 60 têtes. Toutes ces transactions ne sont pas facturées. Les spéculateurs ont un argument : ils disent connaître leurs clients dans les grandes villes, qui achètent par facilité. - Les éleveurs souffrent de plusieurs problèmes liés principalement à l’absence des aliments de bétail. Cette situation fait augmenter les prix… Toutes les difficultés rencontrées par les professionnels ont été soumises au ministre du secteur, lors de nos différentes rencontres. L’absence de bétail est derrière la hausse des prix de l’ovin. Les pouvoirs publics étaient censés mettre 9 kg d’aliment par tête et par mois au profit de tout éleveur (300 gr/tête/jour), à travers les coopératives. Les professionnels ne reçoivent qu’une ou deux fois ces quantités infimes qui sont écoulées au marché noir. 95% des aliments rejoignent le circuit informel et cela profite exclusivement aux spéculateurs. - Les éleveurs sont aussi confrontés au manque de main-d’œuvre. Effectivement, notre secteur souffre du manque de main-d’œuvre. Des milliers d’éleveurs peinent à embaucher des jeunes qui accepteraient de se consacrer à l’activité. Même les enfants des éleveurs renoncent à reprendre l’activité du père. - Les autorités sont-elles sensibilisées sur votre situation ? Tous ces problèmes, comme je l’ai indiqué, ont été portés à la connaissance du ministre de l’Agriculture, qui a rencontré des éleveurs. Nous avons réclamé une meilleure organisation des régions pastorales, l’intensification des forages, la prise en charge socioéconomique des éleveurs des zones frontalières, l’ouverture des postes en préemploi au profit des enfants des éleveurs. La tutelle doit prendre en charge le problème des aliments mais également débusquer les pseudo-agriculteurs. Le secteur, s’il est correctement pris en charge, permettra de créer des postes d’emploi et augmenter le cheptel ovin actuel qui est de moins 25 millions de têtes.  

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