jeudi 5 novembre 2015

Le labyrinthe onusien

Les crises urgentes à travers le monde et l’absence d’urgence au Sahara occidental font que ce conflit est privé de l’attention qu’il mérite de la part de la communauté internationale. La gestion par l’ONU du dossier du Sahara occidental, interpelle fortement. Et les questions qui seraient ainsi soulevées portent toutes sur la gestion des relations internationales et conséquemment sur le fonctionnement de cette organisation dont la charte s’articule autour d’une seule mission : instauration et préservation de la paix. C’est elle qui est allée au-devant des conflits qui ont embrasé la planète, mais ses recommandations ne sont pas suivies d’effet et ses appels ne sont pas toujours entendus. Manque d’écoute, dit-on, ou manque d’intérêt. Il n’est cependant pas faux de croire le contraire. Pourtant, dans le cas précis de ce conflit qui dure depuis quarante ans, l’ONU s’est montrée conséquente avec elle-même en ce sens qu’elle ne s’est jamais reniée en réitérant ses engagements qui remontent aux années soixante, quand elle a décidé d’inscrire le Sahara occidental sur la liste des pays et territoires non autonomes. C’est la résolution 1514, un texte majeur, qui porte toutes les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité. Pourquoi donc ce retard dans leur mise en œuvre ? Mais autant parler de blocages qui sont l’expression d’un parti-pris en faveur de l’occupant marocain, pourtant décrit comme tel par ces textes et, de manière magistrale, par la commission juridique de l’ONU qui avait dénié au Maroc le statut de puissance administrante. En février 2012, un haut fonctionnaire de l’ONU avait osé une réponse en déclarant qu’«il y a ceux qui pensent que le conflit au Sahara occidental n’est pas mûr pour l’instant pour un règlement en des termes acceptables pour les parties prenantes et pour la communauté internationale». Il y aurait donc des priorités, une aberration alors que des peuples sont privés de leurs droits les plus élémentaires. Et d’ajouter que «malheureusement, les crises urgentes à travers le monde et l’absence d’urgence au Sahara occidental font que ce conflit est privé de l’attention qu’il mérite de la part de la communauté internationale. Un règlement qui se fait en effet attendre». Ce qui voudrait dire qu’il y a entente ou encore accord entre les membres du Conseil de sécurité, instance exécutoire de l’ONU, ce qui, en soi, est inacceptable. Mais qu’en est-il quand le choix en question est guidé par d’autres considérations ? C’est-à-dire quand au moins un pays arrive à influencer un vote à l’ONU ou à retarder son application. C’est pourquoi l’ONU avait prévu il y a une année d’envisager d’autres voies pour mettre fin au blocage, mais en vain là aussi. Les dirigeants sahraouis avaient mis en cause des «calculs géopolitiques» et des «intérêts sordides» qui, relèvent-ils, «bloquent la moindre solution au conflit car cela permettrait une construction maghrébine harmonieuse, un front maghrébin uni et prospère face à l’Europe». En tout état de cause, il y a problème car il s’agit de l’application du plan de paix de l’ONU. Le 14 mars dernier, l’ancien sous-secrétaire aux Affaires étrangères et conseiller juridique des Nations unies, le Suédois Hans Corell, soulignait que le Conseil de sécurité «a l’obligation légale de prendre des mesures dans des situations comme la présente. Cette obligation découle de l’article 24 — disposition chargeant le Conseil de la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales». Toute la question est de savoir si elle pourra le faire.

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