jeudi 12 novembre 2015

«Le polar évolue au gré l’histoire de l’Algérie»

Nadia Ghanem, anthropologue, doctorante en langues proche-orientales, a entamé une recherche des romans policiers algériens pour retracer l’histoire de la production de ce genre en Algérie. Elle a trouvé la trace de quarante auteurs de polars, principalement francophones, ayant exploré les côtés obscurs de la société algérienne. L’une des particularités du thriller algérien, fait-elle remarquer, réside dans le fait qu’il soit peu violent. «Il n’y a pas une description des crimes, il n’y a pas de sang, mais les textes génèrent la peur et le suspense», précise-t-elle. Les thrillers algériens ont eu pour théâtre les villes, mais aussi le désert ou des zones d’exploitation pétrolière. Il a évolué depuis les années 70’ au gré des tempêtes et des accalmies qu’a connues le pays. «L’évolution des personnages depuis les années 70’ donne une idée sur la manière dont il s’est construit depuis l’indépendance», explique-t-elle. «Dans les années 70’, l’image du justicier était mise en avant. Dans les années 80’, les inspecteurs étaient dépassés par les conditions sociales qui correspondaient à la réalité sociale de ces années-là. Dans les années 90’,  certains auteurs comme Salim Aïssa donnent l’image d’inspecteurs qui tentent de rendre justice dans un pays où celle-ci est absente. Dans les années 2000, ça se relaxe un peu, il y a des textes plus engageants», a-t-elle précisé lors de la rencontre euro-maghrébine autour du polar en citant des auteurs algériens qui se sont frottés à ce genre littéraire, tels que  Mohamed Benayad, Mohamed Benchicou, Adlène Meddi ou Ahmed Gasmia. Pour elle, il y a un véritable engouement des auteurs algériens pour ce genre littéraire, mais il n’y a peut-être pas des maisons d’édition qui s’y intéressent.  

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