L’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) interpelle et menace les chaînes de télévision publiques et privées. Dans un communiqué rendu public hier, l’instance que préside Zouaoui Benhamadi met en garde, une nouvelle fois, ces chaînes contre la diffusion de programmes — de contenus religieux notamment — de nature à semer et alimenter toute forme de radicalisme. L’ARAV recommande à ces médias de «faire preuve de vigilance» et de bannir «l’intolérance et la haine», devenue un sport national pour certaines chaînes de télévision privées. «Il est fortement conseillé aux institutions audiovisuelles, publiques et privées, sous peine de sanctions, d’observer une vigilance à toute épreuve pour bannir l’intolérance et la haine dans la diffusion des programmes locaux ou d’importation, susceptibles de semer et d’alimenter toute forme de radicalisme», demande l’ARAV dans son communiqué, qui sonne comme un dernier avertissement adressé à ces chaînes, déjà rappelées à l’ordre par le passé pour les mêmes motifs. La réaction de l’Autorité est intervenue, selon le communiqué, suite à un constat établi après un suivi des programmes diffusés. «Après avoir observé que le paysage audiovisuel dans le domaine religieux donne à voir des dérives obscurantistes, à entendre des discours dont la violence incite à l’instabilité, à la discorde et à la fracture sociales, ce qui représente un réel danger pour notre pays, l’ARAV note qu’il arrive trop souvent que ce discours s'accompagne de fatwas décrétées par des prédicateurs autoproclamés, sans formation adaptée à leur action et à leur responsabilité, souvent mal intentionnés, parfois instrumentalisés», lit-on dans le même communiqué. Depuis sa création, l’ARAV a dû réagir plusieurs fois contre les dérives enregistrées sur certaines chaînes où de pseudo-imams appellent même au meurtre. Pour prévenir ce genre de dépassement, l’ARAV révèle qu’elle a «conformément à ses missions, jugé utile d’initier, ces dernières semaines, des rencontres avec les responsables des plus hautes institutions du pays, ayant une autorité incontestable dans le domaine de la spiritualité et de la religion, en l'occurrence le président du Haut Conseil islamique et le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, ainsi que d'autres personnalités religieuses». «Au terme de ces rencontres riches en enseignement, l’ARAV a mis en place à son niveau une plateforme de réflexion qui lui a permis de dégager un ensemble de principes directeurs, à même de faire valoir cette volonté commune de défense d’un islam en harmonie avec notre histoire et notre culture, au nom de la cohésion sociale et de l'unité nationale», explique l’ARAV. Et d’ajouter : «Ce sont ces principes qui animeront les actions de l’ARAV dans le cadre de la loi, en accord avec ses missions légitimes en matière de régulation du secteur de l’audiovisuel et dans le respect du droit imprescriptible à la liberté d’expression.»
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