Alger abrite depuis hier les travaux de la 4e plénière du groupe de travail sur le renforcement des capacités au Sahel du Forum global de lutte contre le terrorisme. Cette rencontre, qui se déroule à huis clos et avec la participation de nombreux acteurs internationaux chargés de la lutte contre la violence extrémiste, est placée sous la présidence algérienne et canadienne. Le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a lancé un appel à la communauté internationale sur la question du développement de la région du Sahel comme un rempart à la violence terroriste. «La menace terroriste persiste dans cette partie du continent africain. En dépit des efforts consentis en faveur de l’amélioration du niveau de vie des populations et l’amorce de dynamiques nationales et régionales de développement économique et de promotion de la croissance, force est de constater que les ressources fort limitées dont disposent ces pays ne leur permettent pas de répondre à toutes les attentes et continuent de représenter des facteurs de fragilisation socioéconomique de ces pays», souligne Abdelkader Messahel dans son discours d’ouverture. L’orateur estime que cette fragilisation est «exploitée et instrumentalisée par les commanditaires du terrorisme dans leurs campagnes de propagande et de recrutement». Revenant sur l’objet de la rencontre d’Alger, consacrée exclusivement au renforcement des capacités des pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme, le ministre alerte sur «le rayon d’action des groupes terroristes qui s’est malheureusement élargi et a fait d’innocentes victimes dans de nouvelles et paisibles villes d’Afrique de l’Ouest». Une alerte, dit-il, à l’ensemble des pays de la région sur la réalité et l’effectivité de la menace terroriste et sur la capacité de ses tenants à choisir les lieux, la nature et la portée de leurs actions criminelles. «Eviter que le Sahel devienne une destination pour les combattants terroristes étrangers» Messahel souligne en outre que «le phénomène des recrutements et des retours des zones de conflit, dont l’Irak, la Syrie et la Libye, des combattants terroristes étrangers connaît au Sahel aussi une montée en cadence». D’où, ajoute le ministre, la nécessité d’éviter que «la faiblesse des ressources dont souffre cette région soit exploitée par les groupes terroristes pour en faire une destination des combattants terroristes étrangers quittant les zones de conflits actuels». Surtout que la région du Sahel connaît une jonction entre le terrorisme et le crime organisé transnational. «Aujourd’hui, le crime organisé au Sahel prend différentes formes et s’investit dans un large éventail d’activités criminelles, dont les plus visibles restent le trafic de drogue et d’armes, la traite des êtres humains, les kidnappings contre rançon ainsi que la migration illégale causée par la pauvreté et l’insécurité découlant de l’expansion du terrorisme et des interventions militaires étrangères génératrices de chaos», énumère le ministre algérien. C’est l’ensemble de la communauté internationale qui est interpellée, précise encore Messahel, en notant que la prise en charge de la menace terroriste dans la région, à l’instar des autres régions du monde, «s’inscrit dans le long terme et exige une approche globale impliquant tous les acteurs et tous les secteurs de la vie politique et socioéconomique du pays, ainsi que l’apport de la coopération internationale en termes de formation, d’équipement et surtout d’assistance au renforcement des capacités». Pour l’Algérie, la sécurité au Sahel, affirme Messahel, est partie intégrante de la sécurité régionale et internationale. Et de noter que «l’étendue et la perméabilité des frontières dans la région sahélo-saharienne continuent à handicaper et à limiter l’effectivité de l’action louable que les Etats de la région mènent individuellement et collectivement pour réduire la mobilité des groupes terroristes, d’où l’urgence de renforcer la coopération bilatérale et régionale dans ce domaine». Notons que la réunion d’Alger regroupe des experts, des représentants des pays du Sahel et des membres du Conseil de sécurité ainsi que des organisations internationales, régionales et sous-régionales, dont l’ONU et ses institutions en charge de la lutte contre le terrorisme, l’UA, le CAERT, Afripol et la Cédéao.
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