mardi 29 novembre 2016

Tamanrasset : Les migrants livrés à eux-mêmes et stigmatisés

Depuis les affrontements survenus dans plusieurs quartiers de la ville de Tamanrasset en juillet dernier, la vie s’est considérablement détériorée pour les migrants qui se comptent par milliers. Rongés par le sentiment d’abandon depuis qu’ils ont été «chassés» de leurs abris de fortune, les migrants se sont regroupés dans un camp à 5 km à la sortie sud de la ville et vivent dans des conditions qui risquent de compromettre les engagements humanitaires du pays. Si certains d’entre eux ont décidé de retourner chez eux, d’autres ont préféré rester et faire face à l’ingratitude d’une société qui a perdu ses repères et qui, décidément, ne croit plus au bon voisinage. Il faut dire que l’ampleur qu’a pris le phénomène de l’immigration clandestine dans la wilaya a nourri la xénophobie chez des autochtones qui manifestent de l’intolérance. «Proscrits et stigmatisés au quotidien, les migrants ne savent plus à quel saint se vouer», lâche Fadimata, une Malienne qui ne reconnaît plus la ville où elle vit depuis 15 ans en raison de la montée de la violence à l’égard des migrants et la hausse de la criminalité imputée à ses compatriotes. Aujourd’hui, Fadimata et nombre de migrants partageant le même camp ne pensent qu’à partir vivre sous des cieux plus cléments, dans une société où «l’humain pourrait avoir plus de valeur que l’argent». Il est à noter que le recensement réalisé par l’association nationale Green-Tea pour la promotion de la santé et l’aide humanitaire en Algérie, en collaboration avec les leaders des communautés migrantes, a fait ressortir 2724 personnes dont 275 Libériens, 420 Nigérians, 22 Togolais, 300 Maliens, 178 Sénégalais, 80 Ghanéens, 220 Gambiens, 68 Bissau-Guinéens, 54 Burkinabés, 600 Guinéens, 150 Ivoiriens, 173 Camerounais, 41 Sierra-Léonais, 96 Béninois et 47 Centrafricains. Selon le président de l’association, Mohamed Guemmama, leur nombre est beaucoup plus important si l’on tient compte des migrants qui n’ont pas quitté leurs quartiers de peur d’être rapatriés. Evoquant le traitement réservé aux migrants, M. Guemmama dénonce les cas de femmes violentées sexuellement et les obstacles rencontrés sur le terrain. A la wilaya, on nous apprend que les engagements de l’Algérie sont honorés vis-à-vis de cette population vulnérable. Des provisions de première nécessité sont acheminées vers le camp selon les besoins émis par les migrants qui y vivent.

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