Depuis sa nomination à la tête du groupe SNVI en février 2015, Salah Malek s’est adressé une seule fois aux travailleurs. En sus de l’arrêt de la production, les travailleurs s’élèvent contre «le manque de visibilité» dans la concrétisation des projets de partenariat et l’opacité qui entoure l’élaboration des organigrammes de réorganisation du réseau commercial. Après quelques semaines d’accalmie, les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) sont revenus à la charge, hier, pour exiger le départ des dirigeants du groupe et la relance de la production, qui stagne depuis plus de trois ans. Des dizaines de travailleurs et de syndicalistes venus des différentes filiales du groupe à travers le pays ont assiégé les locaux de la direction générale. Ils revendiquent la nomination de nouveaux managers à la tête de leur entreprise, qui «subit les contrecoups de la faillite des politiques de relance industrielle engagée par les pouvoirs publics». Cette action qui s’inscrira, selon eux, dans la durée, se poursuivra demain par une grève et la paralysie de tous les ateliers. «Nous n’allons pas nous taire. Il y a des camarades qui sont venus de Sidi Moussa, Tiaret, Tizi Ouzou, Oran et Constantine pour nous soutenir et sauver le groupe. Car nous traversons une situation catastrophique en raison de la mauvaise gestion», dénonce un syndicaliste, précisant que la moitié des travailleurs n’ont pas encore perçu le salaire du mois en cours. Les protestataires affirment qu’une réunion aura lieu aujourd’hui avec le secrétaire général de l’UGTA pour concrétiser les engagements pris il y a un mois pour relancer la production. «On a rencontré Sidi Saïd hier et il nous a promis d’intervenir auprès du Premier ministre pour satisfaire nos doléances, mais nous avons décidé d’organiser des rassemblements quotidiens devant la direction générale jusqu’au départ des dirigeants du groupe. Ce sont eux qui sont à l’origine de tous les problèmes que traverse l’entreprise», explique un autre syndicaliste sous le sceau de l’anonymat. «Il n’y a que nous qui faisons la grève pour exiger du travail. Même au Japon ou en Allemagne, on ne fait pas cela», souligne-t-il, rappelant que 25% des prévisions du plan de charge de l’année en cours ne sont pas réalisées. «Tous les ateliers fonctionnent au ralenti. Nous devions réaliser 2036 véhicules en 2016, mais nous en avons fabriqué moins de 600. Certains bus et camions ne sont pas livrés aux clients à cause du manque de joints et de rétroviseurs. Tout cela est dû à la négligence. Il n’y a aucune stratégie de planification dans la gestion de l’entreprise. Nous devons fabriquer 2000 véhicules en 2017, mais avec les dirigeants actuels nous allons droit vers la faillite», estime-t-il. Selon lui, la SNVI a besoin de «vrais managers». Le PDG sur la sellette Depuis sa nomination à la tête du groupe en février 2015, le PDG, Salah Malek, s’est adressé une seule fois aux travailleurs. C’était en novembre 2015, suite à la grève enclenchée à cause de l’arrêt de l’activité et les retards pris dans le versement des salaires. Cet ancien PDG de l’entreprise Ferrovial, rattachée depuis à la SNVI, s’était alors engagé à remettre la machine sur les rails. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer. Pourtant, ne c’est plus l’argent qui manque dans les caisses. Juste après l’installation du PDG dans son nouveau poste, la SNVI a bénéficié d’un crédit de 92 milliards de dinars pour sa modernisation et la concrétisation de son plan d’investissement. En vain. Aujourd’hui, en sus de l’arrêt de la production, les travailleurs s’élèvent contre «le manque de visibilité dans la concrétisation des projets de partenariat et l’opacité qui entoure l’élaboration des organigrammes de réorganisation du réseau commercial». Ils exigent également la confirmation des employés contractuels dans leurs postes et l’entame des travaux de construction des ateliers de la nouvelle carrosserie. Selon eux, la situation que traverse le groupe ne prête pas à l’optimisme, arguant que tous les avis d’appel d’offres nationaux et internationaux lancés ces derniers mois pour rénover les équipements et redémarrer l’activité ont été infructueux. «Aucun soumissionnaire pourrait répondre à nos cahiers des charges. On a même lancé des avis d’appel d’offres pour l’achat d’un matériel obsolète. Ce qui prouve que nos dirigeants ne sont pas à jour avec ce que connaît le monde en matière d’inventions dans le secteur», ont-ils déploré.
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