C’est assurément un mauvais signal que le pouvoir algérien délivre à nos partenaires étrangers avec la nomination du nouveau patron de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, dont la probité morale avait été mise à mal dans l’affaire BRC (Brown and Root Condor), dont il était le président, écopant d’une peine d’emprisonnement de 26 mois. Les lourdes charges retenues contre lui de surfacturation et, plus grave encore, de divulgation de secret défense laissaient penser que ce responsable était définitivement blacklisté en Algérie et n’avait aucune chance de revenir aux affaires pour occuper un haut poste de responsabilité dans un organisme ou structure publique, a fortiori dans une entreprise de souveraineté comme Sonatrach. Le miracle algérien a encore eu lieu. La machine à recycler les personnels adoubés par des hommes influents du système — cette lessiveuse qui est capable de laver plus blanc que blanc — a encore montré de quoi elle était capable en prononçant l’absolution pure et simple des péchés dont s’était rendu coupable l’ancien patron de BRC. Le gouvernement, qui a pris cette décision, qui a choqué l’opinion nationale et dérouté à l’international tous ceux qui avaient accordé des préjugés favorables aux autorités algériennes quant à leur volonté proclamée de lutter énergiquement contre la corruption, est vivement interpellé pour fournir des explications sur ce choix que beaucoup ont assimilé à de la provocation. Il sera difficile au gouvernement de trouver les arguments pour convaincre qu’il s’agit d’un choix raisonné et non clanique. Ce faux pas porte un rude coup à la crédibilité de la justice. Quelles que soient les raisons, politiques ou managériales, qui sont derrière ce come-back qui fait manifestement désordre, il reste que cette nomination pose la problématique du respect des décisions de justice par ceux-là mêmes qui sont chargés de veiller à l’application de la loi. Dans cette affaire de deux choses l’une : ou bien le nouveau patron de Sonatrach a été victime d’une cabale judiciaire et auquel cas l’Etat a le devoir de le faire savoir à l’opinion ; ou bien les intérêts claniques ont été plus forts et plus déterminants que tout : les décisions de justice et le souci de la respectabilité de l’Etat. L’absence prolongée du chef de l’Etat qui a refait une apparition programmée pour taire les rumeurs ayant circulé sur la détérioration de son état de santé, les images diffusées par la télévision algérienne montrant Bouteflika sous des traits et une forme peu rassurants, en dépit des déclarations officielles, a /ont contribué à ajouter à l’opacité qui entoure cette nomination. Ces images qui coïncident avec la nomination de Abdelmoumen Ould Kaddour à la tête de Sonatrach relancent le débat sur l’exercice du pouvoir depuis la maladie du Président. Qui est derrière cette nomination et pour quel objectif ?
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