vendredi 16 juin 2017

Carnet politique 3

- Samedi Un comité de soutien au combat du mouvement du Rif marocain est né à Béjaïa. Un f’tour citoyen de solidarité avec le Rif, mais aussi les manif’ de Tataouine quelques jours avant à Ouargla. La solidarité maghrébine n’est pas morte, les militants tentent de se parler au-delà des barbelés et autres limites imposés par les régimes qui craignent la convergence des combats, des consciences citoyennes. Entre-temps, un hommage est rendu à Henri Maillot au cimetière chrétien de Diar Essaâda à Alger. Disparu depuis le 5 juin 1956, ce jeune qui a donné sa vie pour l’Algérie indépendante mérite tous les hommages. «Henri, l’enfant de Clos-Salembier (El Madania) a offert sa vie pour une Algérie libre, indépendante, fraternelle, tolérante et juste», écrit sa famille qui, plus de 50 ans plus tard, sort de son silence. Au mois de juin 2015, l’APS a publié une dépêche dans laquelle le chahid Henri Maillot était qualifié «d’ami de la Révolution algérienne». Un impair lourd de sens et qui illustre on ne peut mieux le sort réservé aux chouhada et moudjahidine d’origine européenne. Il est regrettable de rappeler certains faits historiques et d’actualité pour prouver notre appartenance et notre attachement à notre patrie l’Algérie. L’urgence est de rendre tous les hommage à Henri et à ses camarades, hommes et femmes européens ayant donné leur vie pour ce pays qu’ils et elles considéraient comme le leur. - Dimanche Même si Ouyahia assure que nous ne vivons pas une situation d’état d’urgence, force est de constater que la mobilisation sécuritaire (bien qu’on retrouve des téléphones portables sur certains candidats même après la fouille, bravo !) et l’opération clandestine et non assumée de couper ou de ralentir les réseaux sociaux, font penser à un état de guerre ! Etat de guerre zaâma contre une fraude au bac qui n’est que le reflet d’une déliquescence générale de la société mais surtout des institutions. Même en tirant dans le tas des fraudeurs cela ne changera rien pour prendre une image exagérée. On triche car on considère qu’il n’y a plus de valeurs, ou du moins que l’échelle des valeurs est inversée chez nous. Avant, c’était une honte, aujourd’hui on est fier de montrer que l’on a pu contourner les interdictions et barrages à la fraude généralisée. Un autre aspect s’impose pour analyser cette honteuse situation : qui a intérêt à saborder le ministère de l’Education, quitte à sacrifier la crédibilité, si chancelante déjà, du bac ? Qui déteste la ministre au point de «trahir» ses engagements et faire fuiter sujets ou faux sujets sur le web ? A qui profite le crime politiquement parlant ? - Lundi Vous connaissez Amar El Biri ? Il arbore un béret vert des forces spéciales de notre ANP. Il a été arrêté par les gendarmes à Khemis Miliana alors qu’il était en route pour répondre à une convocation de la … gendarmerie. Gendarmerie qui est une arme de… l’ANP. El Biri est devenu le symbole des manifestants retraités de l’armée et ses invalides qui battent le pavé depuis des semaines. Beaucoup ont été choqués par les images de ces anciens soldats, handicapés à vie, portant souvent des prothèses — pour remplacer des membres arrachés par une bombe de terroristes islamistes — matraqués par les forces antiémeute. Que réclament-ils ? Une reconnaissance de leurs sacrifices, une revalorisation des retraites et une prise en charge médicale. Pour dire vrai, les services sociaux du ministère de la Défense, l’Association des retraités de l’ANP ont apporté des réponses aux doléances de cette catégorie, mais les blocages bureaucratiques, les tentatives de parasitage de certains ex-militaires courant derrière les avantages de s’qatta, la marginalisation des représentants des retraités et des invalides par les centres de décision par habitude administrative ont créé un champ miné d’incompréhensions et d’imbroglios. Espérons que ces soldats, arrachés à leur jeunesse par l’urgence de la guerre contre les barbus armés et criminels, auront gain de cause, car ils méritent la considération et le respect non pas seulement de leur ex-hiérarchie, mais de tout le pays. Courage nos frères ! - Mardi Le Drian est à Alger pour parler terrorisme. Oui, d’accord, on a compris. On sert à cela surtout. Endiguer les barbus et les migrants. Merci et au revoir. Que dire de plus ? Rien de plus. Il ne verra pas Bouteflika : est-ce un scoop ? Et son président, Emmanuel Macron, rencontrera-t-il le président ? Abdelaziz Bouteflika voulait le voir la dernière fois, quand le Marcheur numéro 1 était à Alger comme candidat, mais son état de santé ne le lui a pas permis. Demain, on nous a annoncé un Conseil des ministres (le premier de 2017 et on est en… juin) présidé par le chef de l’Etat. On verra. Par ailleurs, le tout nouveau épisode d’institution officielle artefact de droits de l’homme, le Conseil national des DH, dénonce que «des programmes de certaines chaînes de télévision censés être de divertissement, notamment durant le mois sacré du Ramadhan, portent atteinte à la dignité des femmes et incitent publiquement, à travers des images et des discours, les adultes comme les enfants à la violence contre les femmes et la banalisent, alors que l’influence des médias sur le développement psychologique de l’enfant est certaine». Le ministère de la Communication, l’ARAV et le Conseil d’on ne sait quoi sur le front : c’est l’effet Saïd Bouteflika soutenant Boudjedra contre Ennahar ? - Mercredi La «puissance publique» tente de nous rassurer sur la gratuité des plages, une démarche inutile depuis des années vu que les autorités locales et centrales ne peuvent plus réguler l’informel, qui déjà fait partie du système de gouvernance. Voyez ces sociétés, avec usines et registres de commerce, qui assurent le piratage au grand jour des chaînes câblées du monde entier ! Quelle autorité oserait y appliquer la loi ? On raconte que même dans l’intimité des puissants on ne regarde la télé que grâce à ces «sociétés» hacker, hors-la-loi sur le plan national et international. Par ailleurs et en lien, l’annonce d’un Conseil des ministres et l’apparition du chef de l’Etat passent inaperçues, voire de manière anecdotique sinon pathétique dans un climat de délitement massif des liens entre gouvernés et gouvernants. - Jeudi Le bac arrive à son terme, et les blocages scandaleux, inutiles et stupides des réseaux sociaux et du débit web aussi. On apprend également que l’Algérie a bénéficié de technologies avancées en termes de surveillance d’internet : ceci peut paraître nécessaire pour neutraliser, relativement, les réseaux de propagande et de recrutement des islamistes violents, Daech, Aqmi et compagnie. Mais cela peut aussi «servir» à mater les activistes citoyens ou même de simples citoyens désirant s’exprimer hors des cadres imposés par le régime. Souvenons-nous de tous ces jeunes et moins jeunes facebookers poursuivis pour une caricature, un avis, une colère ! La liberté, faut-il le rappeler, ne se négocie jamais.  

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