vendredi 16 juin 2017

CNAS Ambitions et désinvolture

Vous êtes convoqué pour un contrôle médical, ou vous voulez une consultation dans l’un des centres payeurs de la Caisse nationale des assurés sociaux (CNAS) ? Cela risque de vous coûter une journée de travail, c’est sûr... «J’ai l’impression qu’ils nous remboursent de leur poche. Ce sont mes cotisations mensuelles qui couvrent mes arrêts maladie ou accidents de travail.» Cette assurée sociale, un peu en colère mais surtout peu compréhensive, n’admet pas de subir un contrôle médical pour un arrêt de travail de 10 jours seulement et qui n’est pas encore entièrement consommé. «Je suis censée être à la maison, je suis malade, qu’ils trouvent un autre système de contrôle», dit-elle encore. Une autre essaye de la raisonner : «C’est une décision officiellement annoncée. Le dispositif de contrôle est renforcé, car il y a trop de complaisance.» La CNAS (Caisse nationale des assurés sociaux) a procédé au renforcement du contrôle, notamment des arrêts de travail de courte durée (1 à 3 jours) afin «de modifier le comportement» des assurés sociaux ayant recours aux arrêts de travail «répétitifs non justifiés», annonce la Caisse au début de cette semaine. Modifier les comportements ? Ce n’est pas gagné d’avance. Dans la salle d’attente, pour passer au contrôle médical, les histoires se racontent, mais surtout des astuces qui s’apprennent. Mieux encore, des assistantes sociales, venues dans leur cadre professionnel, refilent des «tuyaux» pour convaincre le médecin de l’effectivité de cet arrêt de travail. «Il faut savoir convaincre et être beau parleur», dit l’une d’elles à ceux qui étaient dans la salle. «Tu te souviens, s’adresse-t-elle à une collègue qui l’accompagnait, de notre collègue Madjid qui a déposé un arrêt de travail pour passer ses vacances en Tunisie en mars dernier... Un arrêt finalement accordé.» Statistiquement, la Caisse a rejeté 221 000 jours d’arrêts de travail déposés durant les quatre premiers mois de 2017 suite à des opérations de contrôle effectuées par les services de cette caisse, a indiqué dimanche le directeur général de cet organisme, Tidjani Hassan Haddam. Abus L’opération se poursuit encore. D’ailleurs, dans ce centre où nous avons passé toute la journée, c’est-à-dire jusqu’à 15h, les efforts et la concentration se font surtout dans cette salle. Ailleurs, faut-il user de sourire, être un beau parleur ou carrément avoir les nerfs solides. En attendant notre tour,  nous avons voulu profiter de la présence de certains médecins spécialistes pour des consultations. Au premier étage, dans le hall de l’agence qui donne l’impression que l’on se trouve dans un centre hospitalo-universitaire, tout est fait pour indiquer que toutes les prestations médicales sont disponibles : médecins spécialistes, ophtalmologiste, cardiologue, une pharmacie... Nous demandons à l’agent s’il est possible d’avoir une consultation chez le cardiologue. Réponse : «J’en doute fort, car elle ne travaille que la matinée.» Il était 11h10. «Mais tentez votre chance», dit-il. Nous frappons à la porte où il est écrit «Cardiologue» dans les deux langues, une assistante ouvre la porte. «C’est pour une consultation», avons-nous dit. «Oui, mais à partir de 13h00». Nous avons décidé d’attendre. Découverte fortuite : à l’intérieur, c’est un médecin généraliste et pas un cardiologue. L’assistante confirme que c’est bien un généraliste. «Mais moi je veux être consultée par un spécialiste, j’ai des douleurs thoraciques et cela m’inquiète un peu.» «Oui, je sais», répond encore l’assistante. Et de nous expliquer : «Mais nous n’avons pas de cardiologue, elle ne vient pas tous les jours. Elle est vacataire et travaille selon son rythme.» Mêmes scènes et dialogues dans la salle d’attente de l’ophtalmologiste. Le malade qui voulait consulter reçoit la même réponse... Et alors, se demande le malade ? Alors, elle travaille selon son rythme. De retour au service de contrôle médical, encore l’attente. Pas la peine de parler du comportement «désagréable» de certains agents. Lorsque nous posons la question, il faut attendre pour avoir la réponse, c’est selon l’humeur du moment. Le renseignement n’est pas très disponible dans l’immédiat, mais lorsque quelqu’un demande un tapis pour la prière, tout est remis dans l’immédiat avec même des prières qui suivent «Allah ikbal». Un petit souci de numéro de carte Chifa se pose. Nous avons oublié la carte… mais, en principe, avec l’introduction du nom tout s’affiche. L’agent chargé de le faire dit non. «Voyez avec le bureau d’à côté», dit-il sans même nous regarder. Une fois le numéro ramené pour introduire une nouvelle pièce dans le dossier remis au médecin, l’agent en question signe sur le verso de la mauvaise pièce. Le médecin souligne cela, nous retournons vers l’agent pour tout rectifier. Sans relever la tête, il nous donne un stylo et nous demande de le faire !

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