lundi 5 juin 2017

La production agricole fait baisser les prix

Le mois de Ramadhan compte déjà 10 jours. Contre toute attente, la crainte des consommateurs n’a pas lieu d’être, les prix des fruits et légumes et des viandes n’ont pas flambé cette année, mais ont plutôt baissé. Etrange constat pour un mois qui profite souvent aux spéculateurs et qui est synonyme de pénurie et de flambée de la mercuriale. Quelles sont les causes et les circonstances de cette baisse ? C’est justement pour répondre à cette question qu’El Hadj Tahar Boulenouar, invité du forum du journal El Mihwar, a animé une conférence dans laquelle il a brossé un tableau de la situation actuelle du marché des fruits et légumes et des viandes. Selon le conférencier, président de l’Association nationale des commerçants et des artisans algériens (ANCAA), les prix des fruits et légumes auraient baissé de près de 20% par rapport à leur prix initial avant le début de ce mois sacré. Pour les viandes blanches, une baisse de 25 à 30 DA a été enregistrée à travers le territoire national, contrairement aux prix des viandes rouges qui sont restés stables. Les causes, selon M. Boulenouar, sont diverses : la plus importante est l’augmentation de l’offre due à une hausse de la production, malgré la forte demande en cette période précise de l’année. «Il est prévu pour l’actuel mois la commercialisation de 10 millions de quintaux de fruits et légumes et de 80 000 tonnes de viandes tous types confondus. Cette année, il n’y a pas de place pour les spéculateurs pour la hausse des prix, mais c’est plutôt le contraire. La forte disponibilité des produits alimentaires, notamment agricoles, a barré la route à ces occasionnalistes», explique notre interlocuteur. Pour Medjber Mohamed, président de la Commission nationale des mandataires, cette surproduction de produits agricoles a certes fait baisser les prix, malgré la forte demande, mais l’écoulement de ces énormes quantités de produits agricoles s’avère difficile. «Nous assistons cette année à une production agricole énorme que nous n’avons pas connue depuis plus de 15 ans. Cette production fera que les prix resteront stables durant tout l’été, et ce, jusqu’au mois de septembre. Toutefois, que ce soit pour l’agriculteur ou pour nous les mandataires, écouler de pareilles quantités de produits est une mission difficile, malgré la baisse des prix. Nous nous retrouvons souvent en fin de journée avec des produits avariés qui ne servent plus à rien, tels que la tomate, la pêche et l’abricot», indique M. Medjber, qui estime la baisse des prix à près de 50% pour certains produits, tels que la tomate. Dans ce sens, M. Boulenouar, s’adressant aux différents patronats, a appelé à développer en urgence les unités de transformation des produits agricoles afin d’encourager la production et éviter de pareilles pertes. Surconsommation et gaspillage En parallèle de cette forte offre, la demande a également augmenté, chose attendue en cette période de l’année. Si en temps normal les Algériens dépensent 45% de leurs budgets pour les produits alimentaires (chiffre officiel de l’Office national des statistiques), en période de Ramadhan, ce taux atteint, selon M. Boulenouar, les 60 à 65%. Toutefois, 15% de ces dépenses sont, selon la même source, non justifiées et virent toutes dans la case gaspillage. «Malheureusement, le gaspillage ne se limite pas aux baguettes de pain, mais à beaucoup d’autres denrées alimentaires, dont la viande», se désole M. Boulenouar, avant d’appeler toutes les parties concernées, institutions de l’Etat ou mouvement associatif, à participer ensemble à réfléchir et mettre en place un programme national contre ce phénomène. Il a également appelé le gouvernement, essentiellement le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, à mettre en place un plan de production nationale afin de stabiliser l’approvisionnement du marché et de facto les prix. Pour l’ANCAA, il est inutile de plafonner les prix, mais plutôt la marge bénéficiaire afin de mettre un frein aux spéculateurs. Il est également impératif de construire des marchés de proximité, dont le déficit sur le territoire national équivaut à plus de 800 marchés.  

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