jeudi 15 juin 2017

Le gouvernement décidé à exploiter le gaz de schiste

Le président Abdelaziz Bouteflika a instruit son gouvernement à «valoriser davantage toutes les ressources et richesses dont dispose le pays, y compris les hydrocarbures fossiles conventionnels et non conventionnels ainsi que les énergies renouvelables». Face à la crise qui ne cesse de s’aggraver et à la baisse continue des revenus pétroliers, le gouvernement est donc tenu de recourir à d’autres ressources naturelles pour combler le déficit. L’option de l’exploitation du gaz de schiste dont regorge le pays revient. Elle est même inscrite dans le Plan d’action du gouvernement Tebboune sous le chapitre de «La valorisation des richesses nationales». Une première tentative de l’exploitation de cette énergie conventionnelle s’est soldée par un échec non pas en raison du manque de ressources et de technicité, mais à cause de l’opposition farouche des populations de la région d’In Salah, endroit où se trouve l’un des bassins expérimentaux de Sonatrach. En 2015 et pendant plusieurs semaines, les populations d’In Salah, soutenues par celles de Ouargla, manifestaient contre ce qu’elles qualifiaient de «gaz de la mort». Leur opposition à l’exploitation de ce gaz non conventionnel était motivée par des arguments scientifiques, selon lesquelles la fracturation hydrique poserait un grand risque sur l’environnement et risquerait de polluer la nappe phréatique, vitale pour le sud du pays. L’ancien Premier ministre avait tenté de rassurer sur l’absence de risques de pollution, en vain. Les manifestants campaient sur leurs positions et avaient réussi à faire reculer le gouvernement sur ce dossier. Aujourd’hui, le poids de la crise financière est tel que le nouveau gouvernement, sur instruction du chef de l’Etat, semble donc décidé à aller vers l’exploitation de cette ressource énergétique non conventionnelle, quitte à provoquer la colère des populations vivant dans zones concernées par l’exploitation. Car le manque de ressources financières remettrait en cause la politique sociale à laquelle s’attache encore le gouvernement. Et la colère citoyenne serait encore plus grande que celle que provoquerait cette exploitation. Le gouvernement Tebboune saura-t-il être plus convaincant que celui de Sellal pour faire passer ce projet et le faire adopter par l’opinion publique ? On le saura bientôt. Le projet initial prévoyait la commercialisation du gaz de schiste à partir de 2022 avec une capacité de 20 milliards de mètres cubes. L’Algérie, faut-il le souligner, dispose de réserves estimées à 19 800 milliards de mètres cubes. Elle est considérée comme la troisième réserve mondiale, derrière la Chine et l’Argentine. Les principales réserves se trouvent essentiellement dans les bassins de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et de Tindouf.

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