L’engagement du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Pr Hazbellaoui, pris à Alger, lors du marathon contre le cancer, de faire de «l’année 2018 celle de l’assurance de la disponibilité et de la qualité en matière de prise en charge thérapeutique des cancéreux» ne sera certainement pas tenu, du moins dans la wilaya de Annaba. En effet, jamais les patients atteints du cancer de la thyroïde de cette région n’ont été aussi désespérés que ces trois dernières années. Le pessimisme est justifié lorsque l’on sait qu’il existe à peine sept chambres d’hospitalisation d’irathérapie sur l’ensemble du territoire national. Et pourtant, un service de Médecine nucléaire existe bel et bien au Centre anti-cancer (CAC) d’Annaba, étalé sur une superficie de 660 m2. Cet espace peut accueillir deux Gamma Caméra (SPECT/CT), un laboratoire de radio-immuno-analyse et cinq chambres plombées, reliées à 7 cuves de décantation de 2000 litres chacune pour la gestion des déchets et effluents radioactifs. Mais la mauvaise gestion de ce secteur sensible a impacté négativement sur son lancement. Pis, la prévalence de ce type de cancer va parallèlement crescendo et contraste avec le manque de services de Médecine nucléaire qui le prennent en charge dans le secteur public. Contactée, le Dr Otmane, médecin-chef du service de Médecine nucléaire se confie, non sans amertume, que «le cahier des charges est fin prêt depuis plusieurs mois au niveau de la direction de la santé d’Annaba, mais la lenteur des démarches pénalise nos patients dans l’indifférence la plus totale.» Indifférence, car le service de Médecine nucléaire du CHU Ibn Badis à Constantine a longtemps été à l’arrêt, pénalisant dans l’accès aux soins des centaines de malades provenant de l’Est algérien, dont Annaba. Les listes d’attente dépassent les deux ans, alors qu’un délai raisonnable serait de 6 semaines. Bêtise Devant ce tableau sombre, le peu d’espoir qui fait accrocher cette frange de malades à la vie les pousse à racler toutes leurs maigres économies auxquelles s’ajoute, inévitablement, un élan de solidarité familiale pour avoir 250 000 DA en contrepartie d’une simple capsule d’iode radioactif pris dans des cliniques privées en Tunisie. Parallèlement, la bêtise humaine sévit toujours car, selon cette spécialiste, «deux enveloppes conséquentes débloquées par le ministère de la Santé sont dédiées à une seule opération : l’équipement du service de Médecine nucléaire et la curiethérapie… Malheureusement, trois ans après l’ouverture du CAC d’Annaba, l’œuvre demeure inachevée tant qu’il y a encore des patients qui réalisent leur scintigraphie et se soignent dans le privé, à l’étranger.» La cardiologie nucléaire est aussi un maillon manquant dans la chaîne de la prise en charge des cardiopathies. Hélas, aucun centre à l’Est algérien ne prodigue ces services, aujourd’hui indispensables aux cardiologues, évitant ainsi des examens invasifs et souvent très coûteux à l’Etat algérien. Plusieurs de ces malades, tout autant que ceux atteints du cancer de la thyroïde, crient à qui veut les entendre pour dénoncer ce qui semble être un fait accompli imposé par l’incompétence et le copinage. «Nous nous adressons plus au ministère de tutelle dont les décisions ne semblent pas souveraines. La dernière annulation d’un décret présidentiel suite à l’intervention du député Tliba, avec l’appui de Ali Haddad, le patron du FCE, portant sur la nomination d’un nouveau directeur de la santé à Annaba et le maintien de son proche, après la passation des consignes, en sont la preuve irréfutable», regrettent-ils. Qui assume cette situation ? s’interrogent cancéreux et praticiens. «Le député Bahaeddine Tliba, son sponsor, le patron du FCE, et bien sûr le ministre de la Santé qui, par son silence, cautionnent vraisemblablement cet état des lieux désastreux. A force d’avoir nui à la wilaya de Annaba, ce personnage politique ne représente désormais que lui-même», répondent malades et médecins à Annaba. A suivre…
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