mardi 21 novembre 2017

Des parents d’élèves et des enseignants dénoncent

Une leçon de sensibilisation sur les élections locales sera programmée au niveau de tous les établissements scolaires, annonce un communiqué du ministère de l’Education nationale. Les enseignants de langue arabe seront chargés de donner ce cours à leurs élèves du palier du primaire, ceux d’éducation civique le donneront aux élèves du moyen et du secondaire, ajoute la même source, indiquant que ce cours est programmé avant les élections locales. Les fiches pédagogiques accompagnant ces leçons axent sur le rôle des institutions élues, le fonctionnement et leur organisation. La leçon sera également l’occasion d’aborder le sujet de l’élection comme moyen d’expression démocratique, «comme droit et devoir  citoyens». Entre autres enseignements visés, la prise de conscience sur le droit et le devoir électoral avec la maîtrise de la terminologie en rapport avec l’événement, explique la fiche pédagogique remise aux enseignants. Des enseignants ont ouvertement exprimé leur mécontentement quant à la programmation de ce cours, quelques jours seulement avant les élections et dénoncent «l’utilisation de l’école à des fins politiques». Meziane Meriane, coordonnateur national du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest), exprime des craintes que «cet espace (école) soit exploité par certains enseignants à des fins politiciennes». «Même si les élèves, majoritairement, n’ont pas encore atteint l’âge légal pour voter, nous craignons que des enseignants ne cherchent à les influencer», souligne M. Meriane. «L’école doit rester en dehors de toute forme d’idéologie. Si le souci était de sensibiliser sur les élections en tant que pratiques démocratiques, il aurait été plus pertinent de programmer ce cours en dehors de toute échéance politique», ajoute M. Meriane. Les mêmes craintes de récupération politique de l’école sont exprimées par l’Association nationale des parents d’élèves. «Il n’y a pas plus fort moyen d’influencer que de recourir à l’école. Ça marque l’esprit des enfants à vie», soutient Khaled Ahmed, président de cette association, déplorant l’organisation de ce cours à ce moment précis. «Nous ne voyons pas l’utilité de programmer cette leçon, d’autant que le programme scolaire officiel en compte plusieurs sur le sujet. Cela ouvre la brèche à la récupération par des enseignants, sachant que leur majorité  adhèrent à des partis politiques et que l’on compte plus de 6000 enseignants candidats», rappelle M. Khaled. De son côté, le Satef dénonce «une action d’atteinte à la franchise scolaire». «L’école doit rester uniquement un droit de savoir loin de toute idéologie ou influence politique», souligne M. Hand Ouali, chargé de la pédagogie au Satef. Ce dernier s’interroge sur «les motivations réelles derrière la programmation à la veille de l’échéance électorale d’une leçon sur les élections. L’élection et le rôle des institutions sont abordés dans le cadre de plusieurs cours dans le programme», rappelle notre interlocuteur. L’Unpef, par la voix de Messaoud Amraoui, cadre de ce syndicat, estime que la programmation de cette leçon est pertinente. «Il faut faire confiance à l’enseignant. Car, avec ou sans cette leçon, l’enseignant abordera certainement le sujet», estime M. Amraoui, rappelant que l’élève «est conscient de ce qui se fait autour de lui».

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