- On ressent toujours un décalage entre la majeure partie de la société et les moudjahidine. Pourquoi ? S’agissant du décalage entre la majeure partie de la société et les moudjahidine, il faudrait être, à mon avis, beaucoup plus précis au niveau des intellectuels et des journalistes. Des études des lois et règlements qui leur sont consacrés s’imposent. Les juristes, les sociologues, politologues, journalistes sont interpellés sur ce sujet. Il faudrait aussi faire le distinguo entre certaines formes de passe-droits au titre de moudjahid, qui auraient prévalu durant les années de troubles, et les droits légitimes des «vétérans» comme aux Etats-Unis, ou des «anciens combattants et résistants» en France. - On parle de légitimité historique. 63 ans après la Révolution, cette expression tient-elle toujours ? On parlait de légitimité historique, et à juste titre, tant que les nouvelles générations n’étaient pas prêtes à introduire la nouvelle légitimité de la légitimité politique et de la compétence en gouvernance. Depuis le pluralisme des années 1980, qui reste encore fragile et balbutiant parfois, les hommes et les femmes ne sont plus choisis en fonction de leur passé durant la Guerre de Libération pour occuper un quelconque poste. Mais quels que soient les changements qui s’opèrent et qui ne peuvent être que bénéfiques pour la nation, on ne peut pas imaginer un seul instant quelque forme de rupture qui soit avec notre passé de combattant pour la liberté et la décolonisation. A mon humble avis, on ne peut pas répondre à ce genre de questions d’une façon tranchée. Chaque nation a son histoire et la manière de glorifier et honorer ses enfants acteurs de sa libération afin de les protéger du besoin et de l’humiliation de la nécessité matérielle pendant leurs vies. Ce sont les indus bénéficiaires de ces dispositions, ou pis encore, qui usurpent cette qualité pour s’enrichir dans la corruption, qu’il faudrait débusquer et dénoncer, voire punir pour l’affront qu’ils font à toute la nation et son histoire. Car, ce serait trahir l’histoire de notre pays et ceux qui ont tant donné pour le libérer (décédés ou toujours vivants) que de se détourner de leur message au nom de la lutte contre les faussaires. - Est-ce normal que le nombre de moudjahidine ne cesse d’augmenter ? Non ! Absolument pas, c’est une honte pour les auteurs de ce déshonneur ; les indus bénéficiaires comme leurs complices dans l’administration. Si cela s’avère vrai et dans les proportions que vous dites, cela voudrait dire que notre administration est tombée dans une déliquescence inquiétante.
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