Les coupures d’internet durant les épreuves du bacclauréat constatées hier ont suscité de nombreuses réactions et le mécontentement de plusieurs internautes, mais aussi d’entreprises économiques. Cette démarche adoptée par le gouvernement est qualifiée de mesure qui envoie un mauvais signal aux investisseurs étrangers, car rares sont les pays qui y ont recours et qui est reconduite pour la troisième année consécutive. Il a été constaté également que le calendrier des coupures n’a pas été respecté tel qu’annoncé. Il y a eu un ajout d’une demi-heure au moins. Les propriétaires des applications de réservation de taxi tels que Yassir, Coursa et Tem Tem n’ont pu avoir de clients faute d’être joignables à ces horaires. Les pertes sont énormes pour les entreprises dont l’activité est basée sur internet. En recourant à cette pratique, le gouvernement a-t-il mesuré toutes les conséquences d’une telle mesure ? Si pour le moment il est difficile d’évaluer d’une façon précise les pertes engendrées par la déconnexion programmée du pays du réseau internet, puisqu’elles varient d’un secteur à un autre et du niveau d’usage de la connectivité dans les métiers de l’entreprise, il n’en demeure pas moins que l’impact est bien réel. Cette coupure a perturbé aussi l’organisation du travail des entreprises dont la majorité travaille avec la messagerie électronique. Dans le monde du travail, internet a créé de nouveaux métiers, parmi lesquels les infographies, les analystes, les programmeurs, les développeurs, les techniciens informatiques, les gestionnaires et les administrateurs. De telles coupures entraînent de sérieuses conséquences pour ces professions qui se retrouvent alors sur la sellette. Il faut ajouter que cette mesure a déjà été prise lors des précédentes éditions du bac en coupant les réseaux sociaux seulement, mais certains ont eu recours au VPN et contraint l’Etat a couper carrément internet ! Contacté hier par El Watan, Lotfi Nezzar, directeur général de SLC, emploie des mots durs : «C’est une violation des textes car aucun opérateur n’a la droit de le faire quel que soit le motif, cette démarche ne respecte pas la notion de continuité des services régissant le secteur des télécommunications. C’est une mesure exceptionnelle dans un seul cas : atteinte à la défense et à la sécurité nationales. Couper de la sorte le pays du reste du monde est une folie !» Il nous a affirmé que la coupure a touché ses clients corporate dans un premier temps, ce qui l’a contraint à saisir l’ARPT pour exprimer sa «désapprobation totale avec ces pratiques qui ne reconnaissent aucunement les textes législatifs et réglementaires régissant le secteur des télécommunications». Selon lui, «des serveurs nationaux et internationaux hébergés en Algérie étaient injoignables». Une question se pose avec acuité : comment peut-on lancer une telle opération à une semaine du sommet international des «Smart cities» (villes intelligentes) qui aura lieu les 27 et 28 juin prochain à Alger ? Il faut savoir aussi que le plus gros trafic téléphonique est composé de la 3 et 4G avec mode IP et qu’il a été concerné par la coupure. En agissant de la sorte, l’Algérie veut faire de la coupure une nouvelle arme contre la tricherie, suivant l’exemple de l’Irak qui avait aussi eu recours à cette mesure pour contrecarrer les tricheurs pendant la période des examens en mai 2016.
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