J’ai dû parcourir tout le quartier de Belouizdad (Alger) pour dénicher une supérette où faire mes achats. Presque tous les commerçants sont fermés dans cette partie de la commune.» Employé d’une entreprise privée, Abdelghani n’est pas convaincu du suivi de la permanence. Sorti au deuxième jour de l’Aïd à Alger, le ministre du Commerce, Said Djellab est, lui, très satisfait : le taux de réponse au programme de permanence est estimé à 99% du nombre total des commerçants mobilisés au niveau national (50 000 contre 23 000 en 2017). L’Association nationale des artisans et commerçants algériens (Ancaa) conforte le constat du ministre en précisant que «le chiffre a atteint parfois 100% dans certaines wilayas, à l’instar de Béchar et Blida». « Il y a lieu de préciser que le chiffre est retenu par rapport aux commerçants concernés par la permanence et non pas sur le chiffre global. D’ailleurs, le suivi est tellement important qu’au troisième jour de la permanence nous n’avons reçu aucune plainte de la part de nos bureaux des wilayas ou des représentations des associations des consommateurs», précise le président de l’Ancaa, El Hadj Tahar Boulenouar. Plusieurs raisons sont avancées pour conforter ce constat. «Les commerçants ont été informés à temps, jusqu’à 10 jours avant la date, il y a eu l’effet des sanctions imposées à certains l’année dernière. Il y a aussi l’augmentation du chiffre des commerçants concernés par la permanence», estime M. Boulenouar. Toutefois, il y a un bémol : l’approvisionnement des vendeurs de fruits et légumes a été «défaillant» vu que les agriculteurs n’ont pas ravitaillé les marchés de gros «restés vides», d’où la hausse des prix, constate le président de l’Ancaa. Le président de l’association des consommateurs El Aman, Hassane Menouar, remet en cause le «chiffre trop beau» du ministère du Commerce. «Le ministre a donné un joli chiffre sur la permanence. Moi, je trouve le chiffre trop juste, trop beau. D’abord, il est impossible d’atteindre pareil chiffre dans un immense pays comme le nôtre. D’autre part, ce n’est pas tant le chiffre qui nous intéresse, mais la qualité de service et la disponibilité des produits ; il y a eu des boulangeries qui ont ouvert, mais il n’y avait pas de pain», s’étonne-t-il. Le président d’El Aman estime que le succès de la permanence, imposée par amendement de la loi n°13-06 du 23 juillet 2013, modifiant et complétant la loi n° 04-08 du 14 août 2004, relative aux conditions d’exercice des activités commerciales, n’est pas une affaire de réglementation, de sensibilisation ou même de sanctions. «C’est une culture qu’il faut instaurer. La permanence, il faudra d’abord l’imposer à longueur d’année, en ne permettant pas les congés anarchiques et l’indisponibilité des produits», relève-t-il, estimant que la permanence doit être gérée en amont pour rendre disponibles les produits dans les marchés de gros. L’association El Aman propose de rendre obligatoire la formation des commerçants. «Nous avons proposé au ministère du Commerce d’exiger le suivi par les commerçants d’une formation avant la délivrance du registre de commerce. Les postulants doivent suivre un cursus de 7 jours sur les textes juridiques liés à leurs activités, aux droits du consommateur, aux congés, soldes, etc.», détaille Menouar, regrettant que sa proposition n’ait pas eu d’écho favorable auprès des décideurs.
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