mercredi 9 septembre 2015

3eme rencontres cinématographiques de Béjaia : Dans la périphérie de la douleur et du rêve

* La thématique de la femme, de sa situation et de ses rêves était le fil rouge de courts métrages projetés aux 13ème Rencontres cinématographiques de Béjaia. Béjaia De notre envoyé spécial Soirée de courts métrages, mardi au Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaia à la faveur des 13ème Rencontres cinématographiques. Il y a eu d'abord le curieux « La main bleue » du français Mehdi Benallal. Un film d'intérieur. D'un intérieur étouffant. Un groupe de co-locataires, venus d'horizons différents, invite un enseignant à un dîner pour parler de tout et de rien. La discussion dans le salon va dans tous les sens : Moldavie, Russie, juifs, Saint Augustin, barbecue, création...La nuit est longue et le jour va bientôt se lever. Mais où est donc passée « La main bleue »? Mehdi Benallal a un sérieux besoin de prendre un bol d'air pour se rafraîchir les idées, comme ce personnage qui ouvre la fenêtre aux aurores « En dehors de la ville » de la marocaine Rim Mejdi aborde la thématique de l'avortement sans grande originalité. Assia débarque dans un quartier en dehors de Marrakech pour rencontrer Said, un ferrailleur, fils d'un une femme qui pratique l'avortement clandestin. La jeune fille doit attendre avant de rencontrer la dame. Elle sera déçue. En venant en voiture, elle vomit, prise de vertige. Cela ne l'empêche pas de demander au conducteur de lui céder le volant. Avoir le vertige et conduire, ça doit avoir une sensation très forte ! « J'ai appris que mon actrice ne savait pas conduire. J'ai utilisé cela dans la première séquence en improvisant la leçon de conduite. Je suis mon intuition, ce n'est pas rationnel. Tout ce que j'ai écrit dans le scénario a été tourné. Aucune scène n'a été abandonnée au montage. J'ai travaillé beaucoup sur le temps », a expliqué Rim Mejdi lors du débat après la projection. L'idée de la périphérie suggérée par le titre du film n'est pas bien apparente dans le recit même si la cinéaste a parlé de « personnages sont à la marge ». La scène d'un reptile circulant à l'intérieur des sanitaires où se trouve la jeune fille ne semble avoir aucun sens. « En dehors de la ville » manque de fraîcheur et souffre de lourdeurs. Lettres retrouvées L'idée originale du court métrage « Renée R » de la française Lisa Reboulleau est née de la découverte d'un paquet de lettres dans une valise. « J'ai lu ces lettres. Cela ressemblait à un roman. Peu de temps après, j'ai trouvé des bobines de films de Renée R. Le travail avec les images d'archives est compliqué. La durée des images est courte, parfois 5 secondes à peine. Cela donne une impression de rapidité et de condensé. Des plans qui s'enchaînent. Avec les archives, on ne peut pas travailler autrement », a expliqué la cinéaste. C'est l'histoire d'une femme qui découvre que son mari la trompe avec une coiffeuse. L'histoire se passe en 1958, année de grands bouleversements politiques en France. Renée raconte ses douleurs, ses souffrances, ses espérances dans des lettres. Dans le film, les images se répètent parfois provoquant un sensation d'ennui. « Il y a un manque d'images, mais ce n'est pas cela le choix.  J'aime bien l'idée de la répétition. C'est une deuxième clef de lecture. Cette femme est perdue entre ses souvenirs, ses regrets, ses remords, son paradis perdu », a souligné Lisa Reboulleau. Guillaume Mainguet, autre cinéaste français, a suivi dans « Promeneuse », l'itinéraire d'une femme en quête, elle aussi, d'air frais, de liberté. Bloquée dans un passage à niveau, la conductrice, de retour de courses, quitte la voiture et s'engouffre dans la forêt où elle croise un homme. On peut tout arriver sous les feuillages. Le temps change vite dans ce film, pluie, soleil, pluie. Changement inexplicable. Difficile de croire à l'idée de deux univers évoquée par cinéaste. « Je voulais traiter le sujet de l'individu face à ses responsabilités et à son lieu d'appartenance. Je trouve plus facile de proposer un personnage femme pour avoir une certaine distance pour moi. Mon actrice a été inspiratrice pour moi en début de l'écriture du film », a-t-il déclaré. Guillaume Mainguet est co-réalisateur avec la cinéaste finlandaise Selma Vilhunen d'un autre film projeté à Béjaia, «The girls and the dogs » (Les filles et les chiens ». Tourné dans les environs de Copenhague, au Danemark, le film, qui ne manque pas de monotonie, est construit à partir d'un conte inuit, celui de la fille qui se marie à un chien. Le court métrage est le résultat de l'atelier Factory, programme rattaché à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes. « Nous avons travaillé avec un carnet de charges précis, co-écrire, co-réaliser avec trois personnages maximum et quatre décors différents. Le sujet doit avoir un rapport avec le lieu où s'installe la Factory chaque année et le tournage doit durer trois jours. Un exercice particulier puisque on doit tout partager jusqu'à la table de montage, ça serait difficile de dire que je m'y retouve partout », a relevé Guillaume Mainguet. « Marion » des français Nathalie et Raphaël Holt est un film qui porte la puissance d'une certaine philosophie liée au sens même de l'existence. Une jeune fille rencontre une vieille dame attachée à un livre. Un livre qu'elle n'a pas lu mais qui lui procure la sensation de ne pas être seule au monde. La jeune fille qui porte le même prénom que la dame insiste pour tout savoir. Mais, la dame refuse de parler. La vie n'est-elle pas un grand livre ouvert ? Faut-il tout retenir de l'existence? Quel est le carburant de la solitude ? « Marion » offre une belle occasion pour réfléchir à toutes ces questions. Pas la peine de chercher des réponses. Marion est un film inspirée de la pièce de théâtre « Porteuses de lumière » de Daniel Keene.  

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