samedi 26 septembre 2015

«Ce n’est pas un problème de moyens mais de conscience»

- La mer fait chaque été des noyés. Quel est le programme de la Protection civile pour réduire leur nombre ? Nous nous basons sur le côté sensibilisation et prévention contre les risques liés aux dangers de la mer. C’est une campagne que nous lançons en général la dernière semaine du mois de mai, soit avant le lancement officiel de la saison estivale. En parallèle, nous sensibilisons aussi sur les accidents de la route car il y a une affluence particulière d’estivants. Nous organisons des journées portes ouvertes au niveau des unités de la Protection civile ou sur des places publiques. Pendant la saison estivale, la campagne de sensibilisation continue sur les plages autorisées à la baignade, où nous donnons des consignes de sécurité aux estivants. Il y a aussi le côté opérationnel, par le renforcement du dispositif de la Protection civile au niveau des plages, soit par des saisonniers ou des pompiers professionnels, dotés du matériel adéquat. A cela s’ajoutent des regroupements régionaux avant la saison, y compris dans le Sud, parce d’abord il y a les feux de palmeraies, mais aussi parce qu’il est question de sensibiliser des citoyens qui fréquentent les plages du Nord. - Justement, nombreux sont les noyés issus de l’intérieur du pays... C’est pour cela que notre campagne est nationale. Tout le monde va à la plage et n’importe quel citoyen peut être victime de noyade. - Quel constat faites-vous de la saison estivale qui touche à sa fin ? Nous avons déploré l’année passée 140 noyés. Cette année nous en avons enregistré 121 et nous sommes à la fin de la saison estivale. La tendance est donc à la baisse et cela, grâce aux efforts de la Protection civile pour la sensibilisation et la prévention. Nous espérons qu’il n’y aura pas d’autre noyade d’ici la fin de la saison. Le problème se pose pour les estivants qui se baignent dans des plages interdites malgré les risques. Le problème n’est pas dans les moyens matériel et humains, mais dans la conscience des estivants qui n’ont pas la culture de prévention, comme pour les accidents de la route. Il y a des efforts supplémentaires à faire pour la sensibilisation et la prévention. Malgré les efforts fournis par l’Etat pour l’aménagement des plages, des plages interdites à la baignade sont fréquentées. Des estivants prennent des risques, inconscients malheureusement des dangers qui les guettent. - Des noyades surviennent en dehors des horaires de surveillance des plages. N’y a-t-il pas une réflexion pour élargir ces horaires ? Les horaires réglementaires de surveillance sont de 9h à 19h, mais il arrive à des agents de la Protection civile de rester sur la plage jusqu’à 20h. Ce n’est pas par instruction, ils le font à titre individuel. Il est impossible d’élargir les horaires de surveillance et de surveiller dans le noir, il n’y pas de visibilité. Nous nous basons sur le volet de la sensibilisation et de la prévention. Nous souhaiterions que les estivants nagent là où existe un dispositif de la Protection civile. - Il y a des difficultés à recruter des saisonniers pour la surveillance des plages. Le problème se pose-t-il à l’échelle nationale ? Nous n’avons pas de difficulté à recruter des saisonniers. La plupart d’entre eux ont d’ailleurs l’habitude de travailler avec la Protection civile, certains depuis 10 ans. - Quelles conditions exigez-vous d’un maître-nageur saisonnier ? Une aptitude physique à exercer sur la plage, être âgé entre 19 et 40 ans et avoir un niveau minimal de 4e AM. Au mois de mai, le maître-nageur saisonnier bénéficie d’une formation de 15 jours au niveaux des unités principales ou des unités maritimes pour acquérir des notions de secourisme et de sauvetage en mer. - Sont-ils contrôlés dans l’exercice de leur fonction ? Il y a un à deux professionnels sur la plage, ce sont des chefs de poste qui peuvent être des plongeurs ou des agents de la Protection civile, en tout cas des personnes intégrées dans la Protection civile. Les saisonniers sont sous la responsabilité des chefs de poste. - Les chiffres des noyades ne sont pas alarmants aux deux extrémités du littoral du pays. Comment peut-on expliquer cela ? Les plages d’El Tarf et de Aïn Témouchent sont-elles moins dangereuses, mieux sécurisées ? On ne peut se prononcer sur cela pour le moment, il faut une étude pour analyser ces statistiques. En tout cas, il n’y a pas de rapport avec l’affluence puisque Aïn Témouchent, par exemple, a enregistré plus de 13 millions d’estivants. Habituellement, nous établissons un bilan général en mars, à l’occasion de la Journée mondiale de la Protection civile, avec une analyse des statistiques. - Nous aurons droit alors à plus d’éclaircissements ? Nous allons donner plus de détails, la saison n’est pas encore finie. Nous allons voir les difficultés qui se posent et les mesures à prendre en conséquence. Mais nous observons une tendance à la baisse du nombre de noyés et nous espérons qu’elle continuera dans les années à venir.

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