mercredi 16 septembre 2015

La population consternée

Sur la route du village Imaziouene, commune de Merdj Ouaman, dans la daïra d’Amizour (Béjaïa), des dizaines de personnes se ruent vers la maison de la famille Bitout qui vient de perdre un fils. Hakim Bitout, 38 ans, a été tué par des individus armés, dans le maquis de Merdj Ouaman, au lieudit Ibakouren, alors qu’il faisait une partie de chasse avec un ami qui a été, quant à lui, grièvement blessé. La maison faisant face à la colline où le drame s’est produit, dimanche vers 22h30, est pleine de monde. Lundi 11h. La dépouille de la victime est toujours à la morgue du CHU Khellil Amrane de Béjaïa pour les besoins de l’autopsie. Elle n’est restituée à la famille qu’à 17h. Personne ne peut se prononcer sur ce qui s’est passé ni désigner le présumé auteur de cet acte qui a mis fin à la vie de ce père de trois enfants en bas âge. «C’est le flou total», lance un villageois. Et de poursuivre : «Personne ne peut dire s’il s’agissait de militaires en opération dans la région ou de terroristes sur le chemin des deux chasseurs qui ont ouvert le feu.» Un proche de la victime a bien voulu rapporter la version du seul témoin, le blessé. «Alors qu’ils étaient dans les maquis, Hakim armé de son fusil de chasse, et son ami muni d’une torche aperçoivent un groupe d’individus. L’un d’eux leur intime l’ordre de décliner leur identité ; ‘Chkoun ? (qui est là ?)’» Mais, précise-t-il, «à peine allaient-ils répondre que deux individus armés s’avancent et envoient deux rafales. Ensuite, il y a eu un moment de silence, avant que les assaillants ne poursuivent leur chemin». D’après le récit du rescapé, âgé de 49 ans et père de famille, rapporté par ses proches, les auteurs étaient en tenue de combat, mais il n’a pas réussi à identifier clairement de quel corps de sécurité. Pour sortir de la forêt, le rescapé a utilisé son téléphone portable pour contacter ses frères qui sont venus le chercher aussitôt, alors que la victime a été transférée vers l’hôpital d’Amizour au petit matin par la Protection civile. D’après des sources hospitalières, les victimes ont été transportées vers l’hôpital d’Amizour cinq heures plus tard, vers 3h, avant d’être transférées au CHU Khellil Amrane de Béjaïa. «La dépouille de la victime a été sortie du maquis par les villageois, puisque la Protection civile ne pouvait pas, d’après ce qu’on nous a dit, s’y introduire sans la protection de l’armée ou de la gendarmerie», ajoute un autre villageois. Le chef de la brigade de gendarmerie d’Amizour, rencontré dans son bureau, a affirmé officiellement que les deux chasseurs étaient tombés nez à nez avec «un groupe terroriste, il n’y a pas de doute là dessus». Le témoin, lors de sa déposition, a décrit, selon le gendarme, «deux individus barbus en tenue de la police communale. Ils étaient peut-être plus nombreux, mais il faut dire aussi que ce n’était pas facile pour le blessé, après l’épreuve qu’il venait de traverser, de donner plus de détails sur les auteurs». Ainsi, le sous-officier dément les informations faisant état de bavure militaire. Il a expliqué que «lorsque l’armée sort sur le terrain dans le cadre de la lutte antiterroriste, les habitants le savent d’une façon ou d’une autre, eu égard au dispositif de déplacement des militaires, dont les véhicules». Pour rappel, le 13 août dernier, un détachement de l’ANP a découvert une importante cache d’armes dans la même localité, dans le cadre d’une opération de la lutte antiterroriste. Ce qui a permis aux militaires de mettre la main sur, entre autres, cinq pistolets-mitrailleurs de type kalachnikov, un fusil semi-automatique Simonov, des chargeurs de munitions, des grenades et une quantité de médicaments.  

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