Soulevant une pancarte de ses bras frêles, Sarah, une petite fille de 5 ans, la cousine d’une des victimes de l’attentat terroriste qui a fait un mort et un blessé, dans le maquis de Merdj Ouamane, il y a plus d’une semaine, est à la tête de la marche qui a drainé plusieurs centaines de personnes, hier, à Amizour, à une quinzaine de kilomètres au sud de Béjaïa. La manifestation a été organisée en hommage à Hakim Bitout, 38 ans, qui a été tué par des individus armés, au lieudit Ibakouren, alors qu’il faisait une partie de chasse avec son ami Rachid Djebbari qui a été, quant à lui, grièvement blessé. Tandis que le flou plane encore au sujet des présumés auteurs du crime, une déclaration du chef de la brigade de la gendarmerie d’Amizour à El Watan est venue mettre fin au doute. S’appuyant sur le témoignage du rescapé, il a affirmé que «les deux chasseurs avaient croisé le chemin d’un groupe terroriste qui écume les maquis de Merdj Ouamane». A 10h, la marche s’est ébranlée à partir de l’entrée nord de la ville. La procession a sillonné les artères de la ville d’Amizour avant que les marcheurs ne marquent un arrêt près de la station des fourgons, où une prise de parole a été improvisée. Les commerçants ont baissé rideau pour exprimer à la fois leur solidarité aux familles des victimes et leur condamnation de cet acte abject. Le siège de l’APC a été fermé le temps de la manifestation. Des lycéens et des collégiens ont été libérés, rappelant les lointaines manifestations du printemps noir où les élèves prenaient part à tous les mouvements pacifiques. Dans le premier carré, le maire d’Amizour, les élus de l’APC et des représentants des différents villages de la même daïra et des communes environnantes, à savoir El Kseur, Barbacha, Semaoun et Béjaïa, ont tenu à exprimer leur soutien aux familles des victimes et surtout marcher contre l’insécurité et le terrorisme. D’autres manifestants de Tizi Ouzou ont fait le déplacement afin de dénoncer ce lâche assassinat. L’un des marcheurs a d’ailleurs déclaré : «Cela prouve que la société est en bonne santé, qu’elle n’a pas abdiqué face à la terreur.» Des étendards à l’effigie de la victime, drapeau national et autres pancartes ont été brandis. Y étaient transcrits des slogans comme : «Nous marchons pour la dignité», «Justice et vérité sur l’assassinat de Hakim». Dans une déclaration accrochée sur les murs de nombreuses villes de la vallée de la Soummam, les membres du comité du village, organisés en comité de suivi pour la vérité et la justice du village Imaziouene, ont exigé la reconnaissance du statut de victime du terrorisme aux deux chasseurs et la prise en charge morale et matérielle de leurs familles Le wali de Béjaïa, Ouled Salah Zitouni, s’est rendu quelques jours après cet ignoble attentat aux domiciles des victimes. Ce dernier, selon un membre de la famille, «est venu sans ses services protocolaires et a promis de prendre en charge les familles meurtries». Lors du rassemblement, un représentant des villageois a déclaré : «Nous sommes ici pour dire non à toutes les formes de violence. Non au terrorisme !» Un autre intervenant s’est félicité de la mobilisation des citoyens. Car pour lui, «Amizour est une région dont la réputation a été souillée par ces lâches assassins. Si nous restons solidaires et vigilants, comme nous venons de le démontrer aujourd’hui, ces criminels ne réussiront jamais à ébranler nos valeurs qui sont basées sur la paix et la tolérance».
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