El Khabar fête aujourd’hui son quart de siècle d’existence. Créé à la faveur de l’ouverture du champ médiatique par un collectif de journalistes issus de la presse du parti unique, le quotidien arabophone a su obtenir sa place au soleil, malgré un «contexte hostile». «Avoir cet âge chez nous est un grand défi vu le contexte politique, social et économique dans lequel évolue la presse nationale. L’histoire d’El Khabar est jalonnée d’épisodes heureux, mais aussi tristes comme l’assassinat de notre premier responsable de rédaction, Omar Ourtilane (3 octobre 1995). Mais nous sommes toujours là», déclare le directeur général de la publication, M. Djouzi, contacté par El Watan. L’imprimatur des premières années, la concurrence suscitée par les autorités pour diluer le paysage médiatique au tournant des années 2000, le chantage publicitaire de plus en plus pesant, surtout ces derniers mois, n’ont pas éloigné la rédaction des principes auxquels elle a souscrit au début de l’«aventure intellectuelle». «Les pressions de toutes formes, qu’elles soient économiques, politiques ou autres, ne nous ont pas fait renier nos principes. Nous continuons à privilégier un travail professionnel quoi qu’il nous en coûte. Il arrive pourtant que des lecteurs remarquent un traitement qui donne l’impression fausse que nous privilégions une tendance dans la société à une autre. Le journal garde la même ligne éditoriale basée sur une information vérifiée et crédible, d’ailleurs qui est la devise de notre quotidien. Il n’est pas question pour nous de nous retrancher dans un camp contre un autre. Nous nous tenons à égale distance de l’opposition et du pouvoir», résume Djouzi. Longtemps n°1 en matière de tirage, particulièrement lors de la décennie noire : de 50 000 exemplaires à ses débuts, en 1991, le quotidien a atteint un tirage de 500 000 au tournant des années 2000, avant de stabiliser actuellement à 270 000. El Khabar possède un lectorat qui apprécie son traitement de l’actualité, sans parti pris, et l’usage d’une langue simple débarrassée des lourdeurs ou parfois des frivolités d’une certaine presse de langue arabe. «Notre souci est de répondre aux besoins de notre lectorat devenu très exigeant. Le travail a fait de notre journal un quotidien respecté pas seulement chez nous en Algérie, mais au-delà de nos frontières, où de grandes chaînes le citent comme référence. Si la publicité a fortement baissé, nous nous appuyons sur les ventes de notre journal. Les lecteurs nous font confiance», se réjouit M. Smati, président du conseil d’administration. El Khabar est un groupe ambitieux qui s’est filialisé en diversifiant les thématiques et les supports. Si El Khabar El Ousboui, fondé en 1999, a disparu quelque dix ans après, l’entreprise possède, en plus des rotatives acquises en association avec El Watan, un quotidien sportif et depuis l’ouverture de l’audiovisuel, une chaîne de télévision, KBC. L’ambition de l’équipe dirigeante de ce journal est d’investir en force le numérique en lançant un site doté d’une rédaction web. «Le papier est en crise dans le monde, certes, un peu moins chez nous. Mais nous pensons que la concurrence de plus en plus rude de l’audiovisuel et des nouveaux supports de communication et même l’émergence du journalisme citoyen nous imposent de renforcer notre présence sur les supports numériques. El Khabar ce sont 5 millions de visites par mois. Donc, l’intérêt est là et nous nous employons à répondre à la demande», signale M. Smati, faisant remarquer qu’El Khabar s’appuie sur des enquêtes d’opinion pour connaître les attentes de son lectorat. Le journal, dont le siège est à Hydra, possède un effectif global de 250 personnes, des plus talentueux en Algérie, pas seulement dans le genre chronique, qui a les faveurs d’un certain lectorat, qui privilégie les piques acérées d’un Bouakba toujours égal à lui-même. Le quotidien, c’est aussi des reportages, des enquêtes et des analyses. Bon vent !
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