dimanche 8 novembre 2015

«Il ne restera aucune baraque en 2016»

Approchée pour connaître le sort des habitants de Haï Maya ainsi que les autres bidonvilles de la commune, l’APC d’El Magharia (ex-Leveilley), par la voix de son vice-président chargé des affaires sociales, Karim Himeur, a indiqué que les dossiers de ces familles sont à l’étude, de concert avec la wilaya d’Alger qui pilote l’ensemble des opérations de relogement. Et M. Himeur d’affirmer : «Il ne restera aucune baraque en 2016», relayant les propos du ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, qui déclarait en juin dernier, à l’occasion d’une journée d’étude sur le développement urbanistique de la capitale, que l’opération d’éradication des bidonvilles sera achevée «au plus tard au premier semestre 2016» et qu’Alger sera «la première capitale en Afrique et au Maghreb à être exempte de bidonvilles» (APS du 2 juin 2015). El Magharia, faut-il le souligner, est l’une des communes qui compte le plus de bidonvilles au niveau de l’Algérois. «Il y a largement plus de 1000 baraques sur l’ensemble de la commune», affirme M. Himeur. «Elles sont principalement réparties sur quatre sites : Haï Maya, Oued Ouchayeh, Haï Fellah et Ben Boulaïd». M. Himeur précise dans la foulée que pour les seuls sites Maya et Oued Ouchayeh, «562 familles ont été relevées lors du dernier recensement, actualisé en 2013». Pour une population estimée à 32 000 âmes, la demande de logements demeure assez forte. «Nous avons réceptionné jusqu’à présent près de 2300 dossiers, entre demandes de logement social et logement social participatif», assure M. Himeur en signalant que la formule LSP est pour l’instant gelée. Difficile de satisfaire tout le monde quand on sait que la municipalité ne dispose, à l’heure actuelle, que d’un quota de 100 logements sociaux, selon notre élu. Brossant à grands traits l’historique de l’habitat précaire autour de Oued Ouchayeh, Karim Himeur dira : «Durant la colonisation, cette zone était parsemée de fermes coloniales. Il y avait des terrains agricoles, des vergers, des bassins, des puits… Après l’indépendance, la région a gardé sa vocation agricole jusqu’à la fin des années 1970. Après la mort de Boumediène, les premiers bidonvilles sont apparus. Au début, il y avait quelques familles seulement. Après, le nombre de baraques a très vite augmenté. En 1984, sous Chadli, l’Etat a lancé une grande opération de ‘‘débidonvillisation’’. Le site a été vidé et c’est redevenu quasiment tel que la France l’avait laissé. Vers 1992-1993, il y a eu une nouvelle vague de bidonvilles sous la pression du terrorisme. Les gens fuyaient massivement les villages et douars ravagés par la violence. L’Etat était absorbé par le sécuritaire, du coup, beaucoup ont profité de ce contexte et de cette pression sécuritaire pour installer leurs baraques. D’ailleurs, vous remarquerez que la majorité des occupants de ces sites ne sont pas de la région.» Le vice-président de l’APC d’El Magharia estime à 65% les habitants des bidonvilles hors wilaya. «Environ 35% seulement sont de la région. Ils sont issus d’Hussein Dey, Leveilley, Bachdjarrah, Bab El Oued, du Champ de Manœuvre, d’El Harrach, de tout Alger en somme. Ceux-là ont fui la promiscuité. Ils vivaient dans des conditions sociales difficiles. Ils sont en âge de fonder un foyer et n’ont pas les moyens d’acquérir un logement, alors ils construisent une baraque. Donc, pour résumer, nous avons deux motivations essentielles qui poussent nos concitoyens à emménager dans les bidonvilles : les conditions sécuritaires dans les années 1990, et les conditions sociales. Quand on regarde les choses sous un certain angle, ils n’ont pas le choix. L’Etat a fermé les yeux, car il comprend parfaitement cette situation.» M. Himeur a tenu à souligner que le dossier du relogement, dans le cadre de la vaste opération de recasement menée au pas de charge par la wilaya d’Alger depuis juin 2014, n’est pas du ressort de l’APC. «Nous, on réceptionne les dossiers. Après, il y a une commission spéciale qui les étudie. La wilaya fait une enquête approfondie pour établir la liste des bénéficiaires. Elle se base essentiellement sur le recensement de 2007. Ceux qui sont venus après seront étudiés au cas par cas.»  

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