Au moment où une campagne internationale contre les agressions des femmes est lancée pour dire stop aux violences, en Algérie, la loi incriminant ces faits est toujours bloquée, alors qu’au niveau de la justice, le nombre des affaires liées à cette violence est passé de 28 916 en 2013, à 86 000 en 2014. Les auteurs sont soit des personnes étrangères à la victime, soit les époux. Le constat est alarmant… Aujourd’hui, sera lancée à travers le monde une campagne pour dire stop aux violences contre les femmes. Menée par l’Onu femmes, cette action sera portée par une grande partie des médias, dont ceux de l’Algérie, qui mettront leurs supports à la couleur orange, celle de la lutte contre les violences à l’égard des femmes. Cette action intervient au moment où la loi contre cette violence, adoptée par l’Assemblée nationale au mois de mars dernier, est toujours bloquée au Sénat, par un président sous la pression des islamo-conservateurs qui voyaient en ce projet de texte une menace pour leur ego. Pourtant, le phénomène de la violence à l’égard des femmes ne cesse de prendre de l’ampleur, et le cas de Razika, cette femme tuée dans la rue à M’sila, par un homme auquel elle a refusé des avances, hante encore les esprits. Si du côté de la police, le nombre de victimes est passé d’un peu plus de 7000 cas en 2013 à plus de 9000 en 2014, les chiffres avancés par le ministère de la Justice montrent une réalité beaucoup plus inquiétante. Ainsi, l’année passée, les tribunaux ont enregistré 86 007 affaires liées aux violences contre les femmes, alors qu’en 2013, ce nombre était de 28 919. Les cas de coups et blessures volontaires sont passés de 5866 à 6605, alors que les coups légers ont atteint 5572 cas en 2014 et 4987 en 2013. L’abandon de famille, qui est une forme de violence, est passé de 3555 affaires en 2013 à 4038 en 2014, alors que le harcèlement connaît lui aussi une hausse. Il a atteint le nombre de 73 affaires en 2014, alors qu’en 2013, les tribunaux ont enrôlé 53 affaires. Les tribunaux ont enregistré, en outre, 5054 procédures pour menaces contre les femmes en 2014 et 4834 l’année d’avant. Même s’il n’a pas évolué, le nombre d’assassinats a représenté 59 affaires en 2013 et 34 autres en 2014, alors que les tentatives d’assassinat étaient au nombre de 22 procédures en 2013 et de 18 autres l’année d’après. Le nombre des auteurs a lui aussi connu une hausse, puisqu’il est passé de 23 888 en 2013 à 27 318 en 2014. Sur les 23 888 auteurs enregistrés en 2013, 6895 sont les époux, 2668 des proches, 515 des collègues et 13 810 sont d’autres personnes ; alors qu’en 2014, sur les 27 318 auteurs, 7737 sont les époux, 3209 des proches, 667 des collègues et 15 707 sont d’autres personnes. Remarquons que ces auteurs d’agressions sont en général des individus qui n’ont aucun lien de parenté avec leurs victimes et les agressions s’exercent dans l’espace public. Ce qui est par contre très révélateur est cette violence conjugale, puisque le nombre d’époux agresseurs ne cesse d’augmenter d’année en année. Raison pour laquelle, il y a urgence de mettre en place une législation qui protège les femmes aussi bien dans le foyer conjugal que dans l’espace public. A ce jour, et en dépit de la volonté politique exprimée occasionnellement, des voix rétrogrades et conservatrices empêchent toute action allant dans le sens de la protection de la dignité et de l’intégrité physique et morale de la femme.
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