Mardi vers 19h, la plage Madagh1, à 30 km à l’ouest des Andalouses, reçoit tous les estivants venus d’Oran par la route littorale.
Quelques familles commencent à plier bagage. C’est un peu plus tard que le rivage sera désert. Personne n’y passera la nuit faute d’hôtellerie. Madagh2 lui est mitoyenne. Un ruisseau sert de frontière entre ces plages délimitant les wilayas d’Oran et de Témouchent. Quelques rares baigneurs seulement, côté Témouchent, bravent les nuisances d’un chantier.
Ce sont des inconditionnels de ce magnifique lieu de villégiature que phagocyte inexorablement la réalisation d’un abri de pêche… à l’inutilité avérée. Rapporter l’infortune de ce lieu, c’est illustrer les méfaits de l’opacité d’une gestion centralisée à Alger, une «gestion» qui impose l’immobilisme au secteur depuis une décennie. Ainsi, sur la dizaine de ZET de la wilaya, la moitié sont vierges de toute construction alors que depuis des années, leur aménagement a été annoncé officiellement.
Qu’en sera-t-il maintenant que le gouvernement a révisé sa copie en matière d’investissement ? Amar Ghoul, qui était à Témouchent la semaine écoulée, n’a rien dit. Pas de rencontre avec les professionnels ni avec les élus ni avec les investisseurs. La visite d’inspection et de travail dans la ZET de Bou Zadjar dont l’aménagement devait être entamé en 2005 a même été annulée. Sa seule déclaration a été de situer l’avenir du secteur dans un décret exécutif à paraître en septembre.
Marina
Revenons à Madagh2. Outre la baignade, elle constituait un abri naturel pour la pêche artisanale tout autant que Madagh1, l’une servant d’abri contre les vents d’Est et l’autre contre les vents d’Ouest. Depuis que le port de Bou Zadjar a été réalisé, tous les petits métiers installés à Madagh2 l’ont rejoint. Les gourbis qui y étaient construits pour les propriétaires de barques ont été rasés et la plage a été aménagée au profit des seuls estivants.
En 2010, les autorités locales obtiennent le classement de trois nouvelles ZET, dont celle de Madagh2. Pour l’obtenir, elles ont désenclavé ces sites grâce à un maillage routier avec, en prime, une route littorale. Témouchent devait y consentir pour assurer des ressources aux collectivités locales, qui ne vivent que chichement de l’agriculture et de la pêche. Mais ce que les autorités locales ne savaient pas, c’est qu’en 2008, Madagh2 a été retenue pour l’implantation d’un abri de pêche sur décision d’«en haut lieu».
Pire, ni le ministère du Tourisme ne le savait ni celui de l’Environnement puisque le projet met en danger le site protégé des îles Habibas ! On ne s’aperçoit du fait accompli qu’en 2014, lorsqu’un chantier s’installe à Madagh.
Branle-bas de combat sur les réseaux sociaux. Le ministère de la Pêche est sensible aux arguments contre le projet. Celui des Travaux publics, adepte du bétonnage à tout-va, tient à son chantier. Pourtant, cet abri de pêche n’a aucune justification ! Les autorités, elles, avaient demandé la création d’un tel abri à l’ouest de la wilaya.
Puis des indiscrétions, vite confirmées, indiquent que l’abri de pêche est également destiné à accueillir des bateaux de plaisance dans la perspective de l’investissement touristique sur Madagh1 ! Mais alors, pourquoi ne pas réaliser une marina là où existent déjà deux complexes touristiques et de nombreux hôtels, un projet dont il a été question lors d’une visite ministérielle à Rachgoun ?
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